Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis, 
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau 
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système 
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité 
vers la catastrophe.
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Samedi 26 mai
Nouveaux incidents à Stockholm, pas d'émeutes ailleurs
AFP, France24 - 26 mai 2013
http://www.france24.com/fr/20130526-suede-nouveaux-incidents-a-stockholm-pas-demeutes-ailleurs
Des voitures ont de nouveau été la proie des flammes et des policiers caillassés par des jeunes immigrants lors de la nuit de samedi à dimanche dans les banlieues pauvres de Stockholm à forte population étrangère, a annoncé la police suédoise. La veille, les troubles s'étaient répandus dans des villes moyennes du pays, mais dimanche, aucun incident n'avait été signalé en dehors de la capitale.
Ces incidents nocturnes, qui ont commencé il y a exactement une semaine, auraient cependant tendance à diminuer d'intensité, a affirmé la police. "Il y a eu quelques véhicules incendiés dans différents endroits de la capitale, mais pas autant que les jours précédents", à déclaré le porte-parole de la police Lars Bystroem à la radio suédoise. Une patrouille de police circulant à Vaarberg, dans le sud de la capitale, a été caillassée par des jeunes manifestants, mais aucun policier n'a été blessé et il n'a été procédé à aucune arrestation. A Jordbro, une autre banlieue du Sud, des policiers ont été bombardés à coups de pierre par plusieurs personnes alors qu'ils procédaient à l'arrestation d'un assaillant et ont du utiliser des gaz lacrymogènes pour se dégager. Les émeutes avaient avaient fait tache d'huile dans la nuit de vendredi à samedi dans d'autres villes suédoises où des véhicules et des bâtiments avaient été incendiés dans les villes moyennes d'Uppsala, d'Oerebro et Linkoeping.
Les pompiers n'avaient cependant fait état que de 30 à 40 incidents dans la banlieue de la capitale suédoise au cours de la nuit, soit bien moins que les 70 recensés dans la nuit de jeudi à vendredi et 90 la nuit précédente. Les renforts policiers en provenance de Göteborg et Malmö - 2e et 3e ville du pays, qui ont toutes deux connues des émeutes lors de la décennie passée -, et des patrouilles citoyennes ont contribué à faire baisser la tension, avait estimé Kjell Lindgren, porte-parole de la police de Stockholm. La police a arrêté une personne pour tentative d'agression et 20 autres ont été brièvement arrêtées puis relâchées pour perturbations de l'ordre public, avait ajouté le porte-parole.
Samedi 25 mai - Prochaine étape: répression policière et peines de prison. Le mécanisme est en train de se mettre en marche. Le système ne sait pas réagir autrement.
Sixième nuit d'incidents dans la banlieue de Stockholm
AFP, France24 - 25 mai 2013
http://www.france24.com/fr/20130525-suede-sixieme-nuit-dincidents-banlieue-stockholm
Plusieurs véhicules ont de nouveau été la proie des flammes au cours de la 6e nuit consécutive d'incidents dans les quartiers pauvres de la banlieue de Stockholm, où la tension semble cependant avoir diminué d'intensité. Un photographe de l'AFP a été le témoin de l'embrasement d'un véhicule avant l'arrivée des pompiers dans le quartier de Tensta. Des véhicules ont également été brûlés dans trois autres quartiers de la capitale suédoise, selon l'agence de presse suédoise TT. Les incidents se sont cependant brièvement étendus vendredi soir jusqu'à Oerebro, situé à 160 km à l'ouest de Stockholm. Dans cette ville d'importance moyenne, la police a fait état d'un incendie dans une école, ainsi que de ceux de plusieurs véhicules, mais le calme semblait être revenu vers minuit (22H00 GMT).
Ces incidents, qui ont lieu chaque nuit depuis près d'une semaine dans les quartiers pauvres de la banlieue de Stockholm à forte population étrangère, semblent avoir diminué d'intensité à la suite de l'arrivée de forces de police supplémentaires. Un porte-parole de la police, Kjell Lindgren, avait affirmé vendredi qu'elle attendait "des renforts en provenance de Göteborg et Malmö", deuxième et troisième villes de Suède, sans préciser leur nombre. Les patrouilles auxquelles ont participé des parents des jeunes de banlieue et des volontaires d'associations d'habitants ont contribué à faire baisser la tension, a estimé M. Lindgren.
(...) La police, concentrée jusqu'à présent sur les incendies, a commencé à repérer les personnes soupçonnées d'avoir commis des actes criminels, selon TT. "Même si nous n'intervenons pas, nous faisons régulièrement des enregistrements video et obtenons des informations auprès du public. Nous pouvons ainsi appréhender les personnes (repérées) deux ou trois jours plus tard", a dit un autre porte-parole de la police Lars Bystroem. Un jeune homme affirmant avoir participé aux émeutes, et identifié par la radio publique SR sous le pseudonyme de Kim, a dit avoir agi par révolte contre le chômage et le racisme touchant ces quartiers, comme celui de Husby. "On a brûlé des voitures, jeté des pierres sur la police, sur les voitures de police. Mais c'est une bonne chose, parce que maintenant les gens savent où est Husby (...) C'est la seule manière de se faire entendre", a-t-il déclaré.
(...) Le chef de la police du comté de Stockholm Mats Loefving a déclaré vendredi à la radio suédoise que les émeutiers étaient des jeunes avec ou sans passé de délinquant. "Et au milieu de tout cela, il y a un petit groupe de criminels professionnels qui profitent de la situation pour commettre des crimes comme ceux-là", a-t-il expliqué. D'après SR, les trois grandes compagnies d'assurance en Suède, If, Folksam et Trygg-Hansa, ont reçu chacune des demandes d'indemnisation pour 20 à 30 véhicules brûlés atteignant des "millions" de couronnes (des centaines de milliers d'euros).
(...) Le ministère britannique des Affaires étrangères et l'ambassade des Etats-Unis à Stockholm ont mis en garde leurs ressortissants et leur ont conseillé d'éviter de se rendre dans les quartiers affectés par les troubles.
Vendredi 24 mai - C'est quoi être "intégré" ? C'est être discret, gentil et souriant, même quand on se fait insulter, contrôler, rejeter, discriminer, exploiter et mettre dans une cage à lapins au milieu de rien.
Les reportages rapportent toujours le même point de vue, celui du pouvoir en place. 5e nuit d'émeutes hier, semblable aux précédentes: 70 interventions de pompiers, 13 interpellations. Des milices d'auto-défense d'habitants se constituent. La police a indiqué qu'elle prévoyait d'appeler des renforts.
Suède: Les lacunes de l'intégration soulignées par les incidents en banlieue
AFP, France24 - 23 mai 2013
http://www.france24.com/fr/20130523-suede-lacunes-lintegration-soulignees-incidents-banlieue
Quatre nuits de caillassages, d'incendies et de dégradations à Stockholm et dans sa banlieue, l'oeuvre des jeunes habitants de quartiers déshérités et à forte population immigrée, ont écorné l'image d'une Suède pacifique et égalitaire. (...) Jeudi dans la nuit, des pierres ont visé une antenne d'un commissariat de police à Kista, près de Husby, et deux autres antennes dans le sud de la capitale. Le bilan des violences contre les personnes est resté modeste, avec une personne touchée à la tête par un jet de pierre lors d'une manifestation à Husby jeudi, et un policier blessé dans la nuit de mercredi à jeudi. Mais les incendies volontaires, visant les voitures et les bâtiments, se sont multipliés. Les pompiers faisaient état jeudi de 90 départs de feu. L'un d'eux a ravagé un restaurant de Skogaas, quartier d'Huddinge au sud de la capitale.
Ces violences ont provoqué un débat en Suède sur l'intégration des immigrés, qui représentent environ 15 % de la population, se concentrent dans les quartiers pauvres des grandes villes du pays et connaissent un taux de chômage plus important que le reste de la population. (...) La police a appelé les éventuelles victimes à porter plainte, et cherchait à minimiser la gravité des violences. "Tout blessé est une tragédie, toute voiture brûlée est un échec de la société (...) mais Stockholm n'est pas en train de brûler", a souligné un responsable de la police de la capitale, Ulf Johansson. Les chercheurs en sciences sociales soulignaient que la colère avait des racines profondes.
"Vivre comme jeune dans ces endroits de ségrégation peut être très difficile de beaucoup de manières. Vous n'avez pratiquement aucun contact avec d'autres Suédois et souvent pas une bonne compréhension de la société suédoise", soulignait Aje Carlbom, anthropologue social à l'université de Malmö. Les quartiers où ont éclaté les incidents sont bien connus des habitants de Stockholm pour leur concentration de problèmes sociaux comme le chômage, l'échec scolaire ou le désoeuvrement de la jeunesse. "L'écart entre les quartiers s'est accru" dans une ville où "le marché du logement est vraiment segmenté", estimait Eva Andersson, géographe urbaine de l'université de Stockholm.
Le Premier ministre conservateur Fredrik Reinfeldt, fervent partisan de l'accueil des immigrés, a voulu donner devant le Parlement l'image d'une nation unie. "Je pense qu'il est dangereux de vouloir dépeindre la Suède avec une capitale séparée de ses banlieues. Je ne pense pas que ce soit vrai. Je pense que la ligne qui nous divise traverse Husby, entre une population majoritaire et à côté un petit groupe de fauteurs de trouble", a-t-il déclaré. Son ministre de l'Intégration Erik Ullenhag attribuait les violences à un chômage élevé et autres formes d'exclusion des quartiers où la population issue de l'immigration est majoritaire. "Nous savons qu'il y a une discrimination dans ces endroits, et ces événements n'améliorent pas l'image de ces quartiers, où il y a beaucoup de choses positives qui se produisent mais qui sont complètement éclipsées actuellement", a-t-il déploré, interrogé par l'agence de presse TT. Le taux de chômage à Husby atteignait 8,8 % en 2012, contre 3,6 % à Stockholm.
Les incidents ont attiré l'attention des médias internationaux, suscitant des comparaisons avec des pays qui ont connu des vagues de violence dans les banlieues, comme la France ou la Grande-Bretagne. D'après M. Carlbom, "la Suède connaît une forte ségrégation, mais ces quartiers peuvent être encore plus durs dans d'autres pays".
Que se passe-t-il dans les banlieues suédoises ?
Chat - Questions à Olivier Truc, correspondant du Monde en Suède
Le Monde - 24 mai 2013
http://www.lemonde.fr/europe/chat/2013/05/24/que-se-passe-t-il-dans-les-banlieues-suedoises_3416771_3214.html
On dit que ces émeutes ont débuté à la suite de la mort d'un homme de 69 ans, tué par la police. Y avait-il avant cela de la tension dans l'air ? Pouvait-on sentir venir ces émeutes ?
Il y a de la tension dans l'air parce qu'il y a eu des problèmes les années passées, ailleurs. Il y a donc un problème d'exclusion déjà ancien. La mort remonte au 13 mai, mais les problèmes sont antérieurs. Il y a des tensions dans plusieurs banlieues depuis des années.
Les immigrés sont-ils particulièrement représentés parmi les émeutiers ?
Il y a a priori pas mal d'immigrés parmi eux. Une personne a été inculpée jusqu'à présent, sur les 5 jours, c'est un citoyen finlandais. On ne connait pas l'origine des autres inculpés, 11 cette nuit. Mais c'est sûr qu'il y a beaucoup d'immigrés et enfants d'immigrés parmi les gens qui sont dans la rue, même si parmi eux beaucoup sont nés en Suède.
Les photos que l'on découvre à l'occasion de ces émeutes montrent des banlieues plutôt coquettes... Quel est le problème qui se pose dans ces quartiers ?
Ce sont les mêmes problèmes qu'on retrouve à une échelle différente dans les banlieues françaises ou britanniques: ils sont liés à l'exclusion, au chômage des jeunes et à l'échec scolaire. Et au sentiment d'être dans des quartiers délaissés par les autorités.
Pouvez-vous expliquer l'élément déclencheur ? Un homme armé d'un couteau abattu ? Pouvez-vous nous en dire plus ?
Une enquête a été ouverte sur cette intervention de la police. L'homme était apparemment énervé, mais d'après les témoins de voisinage, il n'était pas dangereux. La police est intervenue parce que cet homme s'en était pris à des jeunes, il était très énervé contre eux. Les policiers ont dit qu'ils se sont sentis menacés lorsque l'homme est venu vers eux avec son couteau. Ils ont d'abord parlé de machette, mais on voit plutôt un grand couteau. On ne sait pas encore si un seul policier a tiré ou plusieurs.
On évoque beaucoup le racisme de la police suédoise... Ce racisme est-il une réalité ?
A la suite des premières interventions de la police dimanche soir, il y a eu plusieurs accusations d'habitants d'Husby qui accusaient la police d'insultes racistes, comme nègres ou singes. Les responsables de la police ont déclaré que si c'était vrai c'était inacceptable et que des poursuites seraient engagées. Jusqu'à présent aucune plainte n'a été déposée contre ces insultes racistes. Depuis le début des interventions à Husby, il y a eu beaucoup de témoignages d'habitants qui reprochent à la police l'utilisation d'une violence exagérée. Il y a eu des précédents lors des manifestations à Göteborg, il y a plusieurs années, des dérapages de la police, qui avaient suscité beaucoup de débats en Suède sur les violences policières. Ce sont des critiques qui reviennent régulièrement vis-à-vis de la police suédoise.
Ces événements poussent-ils les Suédois à remettre en cause leur modèle social tant vanté ? Ou peut-être simplement leur modèle d'intégration ?
La question du modèle social est très discutée ces jours-ci. Un des constats est l'échec du modèle d'intégration suédois. Une des principales questions soulevées est celle de l'échec scolaire dans les banlieues. Un débat au Parlement a été convoqué vendredi prochain pour traiter des conséquences de ces émeutes. Les questions de cette bombe à retardement que constitue la situation dans certaines banlieues sera au centre, car le constat général, qui n'est pas nouveau, est que la politique d'intégration suédoise ne fonctionne pas.
Quel est le modèle suédois concernant les immigrés ? Plutôt assimilationiste comme en France, ou multiculturel comme dans les pays anglo-saxons ?
La question de l'intégration des immigrés est assez récente en Suède, car longtemps les Suédois ont considéré que les étrangers qui venaient en Suède n'y resteraient pas. La situation a changé depuis les années 1990 avec notamment les vagues d'immigration et de réfugiés venant de différentes régions du monde: l'ex-Yougoslavie, l'Irak, plus récemment l'Afghanistan, la Somalie, la Syrie. Pour donner un exemple en termes de politique d'intégration, tous les étrangers nouvellement arrivés en Suède bénéficient de cours gratuits de suédois pendant un temps variable. Il y a donc de vrais efforts faits pour que les étrangers participent activement à la vie du pays. Le problème principal concerne l'accès des immigrés au marché du travail où là, il y a une véritable barrière. La barre est placée très haut.
Cela s'explique-t-il par des discriminations de la part des employeurs ou par d'autres raisons ?
Le nombre de jeunes de 20 à 25 ans qui ne travaillent pas ou n'étudient pas à Stockholm est de 16 % environ, et de près de 30 % à Husby. Il existe une vraie discrimination à l'embauche, connue et dénoncée depuis très longtemps. De nombreuses enquêtes ont prouvé qu'à CV égal, les Suédois à nom étranger n'étaient pas embauchés. Pourtant, le patronat en Suède pousse à une immigration, et les partis de droite y sont plutôt favorables.
Ces émeutes sont-elles liées a la baisse des aides de l'Etat dans ces quartiers depuis quelques années pour résorber les déficits publics ?
C'est un des éléments du débat actuel, à savoir dans quelle mesure l'Etat et/ou la commune ont réduit leur présence dans certains quartiers, comme Husby. Il est admis que certains services de proximité ont été fermés ces dernières années, comme la poste, comme certains conseils communaux qui employaient plusieurs dizaines de personnes, comme des centres d'accueil de jeunes qui ont déplacés plus loin. D'autres voix disent qu'il existe malgré tout des tas de structures d'accueil. Cela montre qu'il y a une méconnaissance sur le quotidien de ces quartiers. Et on peut dire aussi qu'en règle générale, depuis le début des années 1990, où la Suède avait été frappée très durement par une crise économique et financière, les communes ont vu leurs ressources se réduire.
Comment les Suédois réagissent-ils à la vue de ces émeutes ? Peuvent-elles avoir une influence sur la vie politique ?
Les Suédois sont choqués de ce qu'ils découvrent. Autant choqués par l'usage de la violence de la part de bandes de jeunes dans les banlieues, car ils n'ont pas de tradition de révolte de ce genre, ils sont dans une tradition de dialogue social et de consensus, que de voir des images qui montrent une police qui fait usage de violence. Là aussi, ce n'est pas un type d'image que les Suédois sont habitués et prêts à voir. Il y a aussi un malaise car longtemps, jusqu'à ces derniers mois, ils considéraient que ce type d'images n'appartenait pas à leur pays. C'était des images qu'on pouvait voir en France, en Grande-Bretagne. Ils vivent encore avec l'idée que leur modèle social est encore à la hauteur et leur évite ce type de débordements. Aujourd'hui, le président du parti d'extrême droite a déclaré qu'il fallait envoyer beaucoup plus de policiers sur place et immédiatement réduire massivement l'immigration en Suède. C'est ce parti qui a convoqué un débat au Parlement qui se tiendra le 31 mai sur ces questions.
Jeudi 23 mai
La Suède ébranlée par une quatrième nuit d'émeutes à Stockholm
par Patrick Lannin et Philip O'Connor
Reuters - 23 mai 2013
http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE94M00B20130523?pageNumber=1&virtualBrandChannel=0
STOCKHOLM - La Suède a connu mercredi soir une 4e nuit de violences dans des quartiers défavorisées de la banlieue de Stockholm, avec incendies de voitures, bris de vitres et jets de pierre par des groupes de jeunes. Malgré l'appel au calme lancé par le Premier ministre, les émeutiers sont à nouveau sortis dès la tombée de la nuit mercredi, les violences se déplaçant de Husby, au nord de Stockholm, vers le sud. Le feu a été mis à un commissariat de police à Ragsved, dans la banlieue sud de Stockholm, a annoncé la presse locale. Il n'y a pas eu de blessés et le feu a pu être rapidement éteint.
A Hagsätra, un autre quartier du sud de Stockholm, une cinquantaine de jeunes ont lancé des pierres à la police et brisé des vitres, pour ensuite s'éparpiller dans différentes directions, raconte Selcuk Ceken, qui travaille dans centre pour jeunes. Les jeunes avaient une vingtaine d'années et semblaient bien organisés, ajoute-t-il. "Il est difficile de dire pourquoi ils font ça", dit-il. "Peut-être en veulent-ils à la loi et aux forces de l'ordre, peut-être est-ce de la colère pour leur situation personnelle, comme le chômage ou parce qu'ils n'ont pas d'endroit pour vivre". Rouzbeh Djalaie, du journal local Norra Sidan, qui couvre Husby, signale les contrôles d'identité à répétition auxquels sont soumis les jeunes. Des violences ont également eu lieu dans le sud du pays. A Malmö, deux voitures ont été incendiées, a annoncé la police.
Au total en quatre nuits, des magasins, des écoles, une commissariat de police et un centre culturel ont subi des dégâts. Un policier a été blessé dans les dernières violences et 5 personnes ont été arrêtées pour tentative d'incendie. (...) "On a une société qui devient de plus en plus divisée et où le fossé se creuse, à la fois socialement et économiquement", commente Rami Al-khamisi, co-fondateur de Megafonen, un groupe qui milite pour le changement social dans les banlieues. Les émeutes sont pour l'instant moins graves que celles des deux derniers étés au Royaume-Uni et en France mais sont là pour rappeler que même dans des lieux moins touchés par la crise financière que la Grèce ou l'Espagne, les pauvres et en particuliers les immigrés, ressentent durement les politiques d'austérité.
Les images de voitures en feu diffusées par les télévisions sont un choc pour la Suède, réputée pour sa politique de justice sociale ainsi que pour son hospitalité envers les réfugiés. "Je comprends pourquoi beaucoup de gens qui vivent dans ces banlieues et à Husby sont inquiets, en colère et préoccupés", a déclaré la ministre de la Justice Beatrice Ask. "L'exclusion sociale est une cause très importante de nombreux problèmes. Nous comprenons cela." Après des décennies de "modèle suédois" fondé sur un Etat providence généreux, le rôle de l'Etat en Suède a fortement diminué depuis les années 1990, entraînant la hausse des inégalités la plus forte de tous les pays membres de l'OCDE. (...)
Les émeutes de Stockholm ébranlent le pays
Revue de presse suèdoise par Kristina Rönnqvist
Courrier international - 22 mai 2013
http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2013/05/22/les-emeutes-de-stockholm-ebranlent-le-pays
Depuis plusieurs jours, de violentes émeutes agitent la banlieue de la capitale suédoise. Faut-il pointer du doigt la négligence du gouvernement ou les jeunes casseurs ?, s'interroge la presse. Est-ce une coïncidence ? Le 14 mai, un rapport de l'OCDE constatait que les écarts des revenus augmentent davantage en Suède que dans l'ensemble des autres pays européens. Et une semaine plus tard, de violentes émeutes ont éclatés à Husby, dans la banlieue de Stockholm, où des jeunes masqués ont incendiés des voitures et attaqué les forces de l'ordre avec des jets de pierre. Plusieurs commentateurs de la presse suédoise lient justement ces évènements à l'inégalité croissante du pays.
"Un échec gigantesque" écrit Lena Mellin, chroniqueuse du quotidien social-démocrate Aftonbladet, estimant que les autorités ont trop longtemps fermé les yeux sur les problèmes liés à la ségrégation des banlieues comme Husby où 85 % des 12 000 habitants sont nés en Suède mais ont deux parents nés à l'étranger. "Pendant longtemps, on n'osait même pas dire que dans un quartier qui compte 114 nationalités, il faut plus de ressources et de mesures politiques que dans un quartier plus homogène. Au contraire, ces banlieues ont été dépeints comme des endroits exotiques où l'on pouvait acheter des légumes bon marchés". La journaliste souligne que cette ségrégation qui va de pair avec le chômage ne reculera que lentement, et que les ressources supplémentaires annoncées par le Premier ministre (conservateur) Fredrik Reinfeldt arriveront trop tard.
De son côté, Aftonbladet estime dans son éditorial que les émeutes à Husby reflètent l'essentiel de la politique conduite par la coalition gouvernementale de droite, une politique que la phrase emblématique "Il doit être rentable de travailler" illustre le mieux. "Lorsqu'on baisse les impôts, ce sont les parties les plus faibles de la société, des endroits comme Husby, qui en paient le prix", poursuit le journal.
Per Wirtén, du site de gauche Dagens Arena, rappelle, lui, que les personnes masquées qui incendient les voitures ne sont pas représentatives de "la voix de la banlieue". La vraie voix de la banlieue est représentée par des associations comme Megafonen (le mégaphone), engagée auprès des jeunes dans la banlieue de Stockholm, et qui lutte contre le racisme et les inégalités sociales croissantes. C'est au moment où les habitants de la banlieue eux-mêmes prennent la parole que "le débat sur la ségrégation et la discrimination sera différent — et meilleur", constate le journaliste.
Le quotidien conservateur Svenska Dagbladet, au contraire, réfute l'argument de la ségrégation pour expliquer les révoltes. D'après lui, il faudrait plutôt prendre en compte la responsabilité individuelle des personnes qui ont attaqué la police et les biens d'autrui. "Les émeutes ne peuvent pas être excusées", maintient le journal, qui estime qu'il n'y a pas de réponse simple à la question du "pourquoi". "Est-ce bien raisonnable d'accepter des réponses simples à chaque fois que quelqu'un qui clame manquer de ressources, incendie la voiture de son voisin et attaque les pompiers qui arrivent pour éteindre le feu ?", s'interroge-t-il.
Le quotidien de référence, le libéral Dagens Nyheter évoque lui aussi la responsabilité individuelle, que les jeunes doivent assumer pour leurs actes. Il qualifie de parfaitement "normal" le fait que la police soit intervenue pour protéger les citoyens. Encore faut-il qu'elle se comporte correctement en banlieue, rappelle le journal, qui cite un témoin rapportant des propos racistes des agents de police: "Ils nous ont traité de singes et de nègres. Ils nous ont demandé si nous n'avions pas de chiens dans nos pays, puisque nous en avions tellement peur". Cette attitude est "lamentable", écrit Dagens Nyheter, qui poursuit: "La direction de la police doit abolir cette culture destructive qui visiblement existe en son sein, et qui fait que les représentants des forces de l'ordre versent des invectives racistes sur les citoyens".
Mercredi 22 mai 2013
Troisième nuit d'émeutes à Stockholm
Reuters, RTBF - 22 mai 2013
http://www.rtbf.be/info/societe/detail_suede-troisieme-nuit-d-emeutes-a-stockholm?id=8000789
Les banlieues de Stockholm sont le théâtre de violentes émeutes, pour la 3ème nuit consécutive. Véhicules incendiés, heurts entre des jeunes et des policiers ou membres des services de secours, voilà des années que la Suède n'avait plus vécu de telles violences urbaines. Le bilan de la 3ème nuit de trouble compte essentiellement des dégâts matériels. Au nord-ouest de la capitale, le commissariat de Jakobsberg a subi les assauts des manifestants, tout comme deux écoles et un centre culturel.
Alors que le Premier ministre Fredrik Reinfeldt a tenté un appel au calme, ces violences sont vécues comme un choc en Suède, particulièrement parce qu'elles surviennent dans l'une des villes les plus riches d'Europe. "Une trentaine de véhicules ont été incendiés la nuit dernière, des incendies liés à des groupes de jeunes et des criminels," a déclaré mercredi Kjell Lindgren, porte-parole de la police de Stockholm. Il a ajouté que jusqu'ici, aucun blessé n'était à signaler. (...)
Essentiellement provoquées par des jeunes, ces émeutes relancent le débat sur le chômage des jeunes et l'immigration. Elles soulignent aussi la forte diminution du rôle de l'Etat en Suède depuis les années 1990, qui a entraîné la hausse des inégalités la plus forte de tous les pays membres de l'OCDE. Un parti anti-immigration, les "Démocrates suédois", arrive en 3ème place dans les sondages pour les élections législatives de l'an prochain. La population suédoise d'origine étrangère approche les 15 %, soit la proportion la plus élevée de tous les pays scandinaves. Parmi cette population, le taux de chômage est de 16 %, contre 6 % pour les Suédois "de souche", selon les chiffres de l'OCDE.
Mardi 21 mai - Va-t-on vers une répétition des émeutes d'août 2011 à Tottenham ?
Dans l'attente de plus amples développements...
Deuxième nuit d'affrontements en banlieue de Stockholm
AFP, France24 - 21 mai 2013
http://www.france24.com/fr/20130521-deuxieme-nuit-daffrontements-banlieue-stockholm-sept-interpellations
Sept personnes ont été arrêtées à la suite d'affrontements avec la police, lors d'une deuxième nuit de violence dans un quartier défavorisé de la banlieue nord de Stockholm, un phénomène qui pourrait s'étendre à d'autres quartiers, a annoncé la police mardi. Quatre des personnes arrêtées dans la banlieue de Husby ont été placées en garde à vue, deux d'entre elles relâchées après leur passage au poste et une troisième personne a été immédiatement libérée car elle avait moins de 15 ans, âge de la responsabilité pénale en Suède, a affirmé à l'AFP le chef de la police locale Jörgen Karlsson. "Près de 10 voitures ont été incendiées" et "7 policiers ont été légèrement blessés", a-t-il ajouté. Entre 50 et 100 personnes ont pris part aux affrontements. Jusqu'à 300 personnes étaient descendues dans les rues, ce qui était "probablement plus que dimanche", a déclaré M.Karlsson. "Nous savons que certains d'entre eux venaient d'autres parties du département, a-t-il souligné.
Les affrontements, très certainement liés à la mort la semaine dernière d'un homme de 69 ans abattu par la police après l'avoir menacée avec une machette, ont éclaté dimanche soir à Husby. Des jeunes ont incendié des voitures et lancé des pierres sur les forces de l'ordre. Selon, M. Karlsson, dans la nuit de lundi à mardi, ils se sont également attaqués aux pompiers qui tentaient d'éteindre les incendies qui s'étaient déclarés dans des poubelles et des stations de recyclage. Plusieurs fenêtres ont été cassées. La violence pourrait se propager à d'autres parties de la capitale suédoise et de sa banlieue. "Il y a eu de légers affrontements au sud de la ville, mais il est difficile de dire s'ils ont des liens avec ce qui s'est passé ici", a-t-il poursuivi. Au cours d'une conférence de presse, des militants locaux ont prétendu que la police les avait traités de "vagabonds, de singes et de nègres".
Les tours de Husby ont été construites au début des années 70. Quelques 12.000 personnes y vivent, et 80 % d'entre elles sont issues de l'immigration. En 2007, les autorités ont lancé un programme ambitieux pour réhabiliter les banlieues défavorisées du Nord de Stockholm, mais le taux de chômage des jeunes reste l'un des plus élevés de Suède.