Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
24.10.2025
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Travailler dans l'enfer de Walmart
["What It's Like to Work in Walmart Hell"]
par John Olympic
AlterNet - 29 oct 2010
http://www.alternet.org/story/148640/what_its_like_to_work_in_walmart_hell?page=1
A cause des licenciements d'enseignants, et d'un marché du travail déplorable, je suis passé de professeur remplaçant de lycée à *associé de Wal-Mart. L'enseignement me laissait davantage de loisirs pendant le week-end me permettant de me livrer à des activités plus agréables, comme harceler le chat de mon colocataire ou me tirer les poils de la poitrine. Mais ce dimanche, j'ai passé 8 heures à jouer à "Evitez le client". C'est un jeu stimulant au bout duquel, en fin de journée, je me récompense en ne me tirant pas une balle dans la tête.
Pourquoi je joue à ça ? Pour préserver ma santé mentale. La semaine dernière, par exemple, j'étais derrière une mère qui, après avoir ordonné à son fils de déposer un jouet dans le rayon informatique, lui a dit: "T'en fais pas, ils s'en chargeront".
Si la clientèle, c'est le côté le plus pénible du travail, ce n'est pas le seul. Vous voyez, comme des millions d'Américains, je suis sous-employé. L'Etat ne prend pas en compte des gens comme moi dans les statistiques officielles du chômage. Et ces chiffres sont sacrément sinistres; avec 15 millions de demandeurs d'emploi, le taux de chômage national atteint 9,6 %. Et, travailler pour Walmart, c'est toujours mieux que rien, je suppose.
Mais travailler pour un salaire de misère est à peu près aussi satisfaisant que de s'enfoncer une baguette de pain rassis dans les deux yeux. Les 14 milliards de dollars de bénéfices de l'an dernier ont propulsé Walmart au sommet de la liste Fortune des 500 entreprises les plus riches aux Etats-Unis, et la société maintient ses bénéfices en partie grâce au fait qu'elle paie ses employés le moins possible (au minimum légal).
Les salaires à Walmart sont non seulement bien en-dessous du salaire minimum vital, mais on est payé nettement moins que pour des emplois similaires dans d'autres sociétés de la grande distribution. Mais je n'ai pas d'enfants ni de dépenses de santé importantes et, donc, je m'en sors avec mon salaire misérable. Mais plusieurs de mes collègues ont une femme et des enfants à charge; l'un d'entre eux m'a dit dernièrement qu'il reçoit des aides de l'Etat pour payer ses factures, y compris la pension alimentaire pour ses enfants.
Mes collègues constituent un mélange hétéroclite. Beaucoup d'entre eux sont des immigrés qui ont des notions d'anglais limitées. D'autres ont des diplômes universitaires et ont échoué à Walmart à cause de la crise économique. Et d'autres encore ont largement dépassé l'âge de la retraite, et il doivent s'appuyer sur des cannes ou des caddies pour se déplacer dans le magasin. Et pourtant, ce sont des gens que Walmart trouve aptes à rester plantés pendant des heures d'affilée à l'entrée du magasin pour jouer un rôle de dissuasion contre le vol à l'étalage (j'ai dit "rôle de dissuasion"? non je voulais dire "rôle d'accueil de la clientèle").
Je ne travaille pas depuis assez longtemps dans le magasin pour avoir eu l'occasion de demander aux sexagénaires (et bien au-delà) la raison pour laquelle ils travaillent encore mais j'imagine que ce n'est certainement pas parce qu'ils aiment par-dessus tout être habillés en bleu. Ils sont sans doute, comme le nombre croissant de personnes âgées qui ont perdu leur épargne-retraite, contraints de travailler pour conserver leur assurance maladie (si le magasin leur en offre une) et ne pas finir dans la misère. Une sacrée façon de terminer sa vie que de demander à tous ceux qui sortent du magasin de montrer leur ticket de caisse.
Aussi différents que nous soyons, à Walmart, nous avons au moins une chose en commun: en ce qui concerne le boulot, il n'y a absolument personne pour nous représenter. Walmart est l'employeur le plus important aux Etats-Unis, pourtant, il n'existe, pour le million de salariés qui arbore le badge rouge, bleu et blanc chaque semaine, aucune convention collective qui définisse les statuts concernant les salaires, les avantages sociaux ou les conditions de travail.
La politique d'entreprise de Walmart s'est toujours farouchement opposée à la création de syndicats. Lors de la formation initiale destinée aux futurs employés de Walmart, on nous montre une vidéo intitulée "Protégez votre signature", destinée à nous dissuader ne serait-ce que de chercher à adhérer à un syndicat. Un texte de Walmart distribué aux gérants décrit le genre de salariés qui sont attirés par les syndicats. Parmi les exemples cités, on trouve: l'employé "incompétent, peu productif", l'"employé rebelle, anti-establishment", et l'employé qui "veut tout sans rien donner".
Il y a deux exemples, tous les deux au Canada, où des employés de Walmart ont réussi à adhérer à un syndicat. Dans les deux cas, Walmart a décidé de fermer le magasin ou la section où travaillaient ces employés qui avaient décidé de se syndiquer.
Et cela me démoralise de me dire qu'en travaillant à Walmart, je couche avec l'ennemi. Le rayon d'habillement est plein de vêtements confectionnés par des travailleurs de pays pauvres à qui on donne un salaire de misère. Le rayon des jouets regorge de jouets fabriqués avec des dérivés du pétrole qui échoueront d'ici quelques mois dans les décharges publiques. Et puis, dans l'enceinte même du magasin, il y a le McDo qui propose des menus à forte teneur en sucre et en graisses. Rien, absolument rien, n'est fait dans ces grandes surfaces pour rendre ce monde meilleur.
Mais c'est un des aspects de mon travail qui permet tout cela: la clientèle, ce qui me ramène au jeu " Evitez le client".
Je n'ai pas toujours joué à ce jeu. Quand j'ai débuté, je suivais la *règle des dix pas de Sam Walton, le fondateur de Walmart: chaque fois qu'un client approchait, je souriais, je le saluais et je lui demandais si je pouvais lui rendre service.
Mais, ça, c'était avant le type qui cherchait les mixers dans le rayon jardinage. Ou la femme qui avait laissé une canette de boisson gazeuse à moitié pleine dans le rayon jouets. Ou le type qui avait repoussé violemment le gamin d'un autre client pour attraper un oreiller. Ou celui qui était furieux – littéralement en rage – que les filtres à café soient placés près des cafetières électriques. Ou encore celle qui, après avoir failli me labourer les pieds avec son chariot, m'avait dit en riant: "on n'a pas le droit d'attaquer le personnel".
L'idée principale du jeu "Evitez le client", c'est de se déplacer en choisissant le parcours le moins embouteillé du magasin.
Quand je vais déjeuner, je choisis l'itinéraire qui sera le moins possible une source d'énervement: en passant par les rayons du mobilier, de l'automobile et des articles de sports (pas de surprise pour ce dernier: les clients font au moins une taille X, en partie à cause des kilomètres de rayons d'alimentation où nous vendons allègrement des produits industriels à faible valeur nutritive). Mais, la semaine prochaine je vais y ajouter un nouvel élément. Quand on me demandera un renseignement, je répondrai: " No hablo inglés."
Même les chefs de rayon, dont la particularité est, entre autres, d'être en général blancs, de sexe masculin et de porter une barbe et/ou une moustache répugnantes, s'appliquent à éviter les hordes sauvages qui leur permettent d'avoir ce boulot minable (ouais, les recours collectifs qui disent que Walmart ne place pratiquement que des hommes à des postes de responsabilité ? C'est exactement ce qui se passe dans le magasin où je travaille).
Il y a environ deux mois, Consumers Digest (un périodique destiné aux consommateurs aux US, NDT) classait Walmart au tout dernier rang des enseignes de la grande distribution pour le service clientèle. Et donc, était-ce une coïncidence si ce dimanche-là, j'ai passé une demi heure à regarder une vidéo de formation sur le service clientèle ? Soi-disant, nous ne sommes pas censés réagir comme si les clients nous interrompaient constamment dans les innombrables tâches qu'on nous donne à faire, même si c'est justement ce qu'ils font.
Walmart ne cesse de répéter à ses associés que nous sommes là au service des clients. Ridicule. Moi, je suis là pour toucher un salaire merdique pour pouvoir m'acheter de la bière et ruminer sur les choix de vie déplorables qui m'ont amené, au départ, à travailler pour Walmart.
Vous allez dire que je suis pessimiste, mais s'il y a eu des signes quelconques de reprise économique, cela n'a eu aucun effet sur mon salaire. Mon colocataire vient de décrocher son nouveau boulot en battant 300 autres postulants. Les petites annonces sont bourrées d'offres foireuses ("j'ai dit "offres foireuses"? Je voulais dire" d'offres d'emploi pour du télétravail"). Mais, comme je l'ai dit, il faut que je considère le côté positif. J'aurais pu ne pas avoir de travail du tout. Et puis, j'aurais pu aussi travailler dans un fast food.
Walmart, c'est l'Amérique: des salariés sous payés qui passent pour nettoyer derrière des clients qui se nourrissent mal et qui achètent des produits fabriqués par des ouvriers exploités en Chine.
rgtfg, le 22/10/2011
lol
Anonyme, le 20/02/2012
Moi je suis commis de paniers et aujourd'hui, j'arrive pour passer un coup de balai et de moppe dans les toilettes et je vois un hindou, au lieu d'essuyer les fesses de son enfant, il les met dans le lavabo où je voulais me laver les mains. je suis sorti tout de suite et retourné aux paniers !
Mujagic, le 20/04/2012
Hello, je veux travailler à Walmart mais je suis en France actuellement chez Casino. Je veux aller passer une année aux USA pourapprendre à parler un minimum. Ça vaut le coup ou pas de venir ?
Ghislaine Lescom, le 06/05/2012
Wal-Mart n'est pas le seul magasin à offrir de l'emploi à salaire minimum. Et comme tu ne sembles pas apprécier ta job, retourne donc aux études pour pouvoir gagner plus de 100.000 par année, alors tu vas arrêter de te plaindre. Si tu n'aimes pas ce que tu fais, change et si tu n'aimes pas servir la clientèle, alors trouves-toi un autre domaine dans lequel tu n'auras affaire à personne. Tu serais peut-être mieux de rester chez-vous et vivre de l'aide sociale comme ça tu pourrais mieux contempler ton nombril. T'as une job, ferme ta gueule et travaille, sinon décrisse de là. Il y en a d'autres qui seraient bien contents de travailler. Puis si Wal-Mart engage des vieux, des gros et des laids, c'est peut-être parce qu'eux ne font pas de discriminage sur l'apparence comme le reste du monde le fait. Puis si tu veux tant que ça apprendre à parler l'anglais, bien donne-toi un coup de pied dans le cul et prends des cours. T'as pas besoin de déménager aux USA pour ça.
malade, le 28/10/2012:
bien dit.
Antigone: Bon, ça suffit maintenant.
Seb, le 26/01/2013
Ok donc Ghislaine, tu considères que c'est normal d'être sous payé sous prétexte que Wall mart n'est pas le seul à le faire ? Tu considères normal de ne pas avoir de syndicats dans une boite aussi énorme; tu considères normal le comportement irrespectueux de la clientèle qui prend le personnel pour de la merde. Tu ne vaux pas mieux que cette clientèle de merde et les dirigeants de Wall mart.
Pour moi c'est un peu le comportement que j'ai vu au rayon liquide dans certains magasins en France, les gens délottent les packs d'eau ou autre liquide et foutent le bordel dans le rayon sans se soucier du travail des employés, desfois tu as juste envie de laisser le bordel pour les responsabiliser un peu; c'est un peu comme si quelqu'un passait derrière toi et salopait tout ton travail, rien que ça j'ai déjà eu l'impression que l'enfer ce n'est pas le travail, ce qui n'a rien de passionnant de mettre en rayon mais ce sont ces foutus clients irrespectueux.
Et quand tu dis qu'il peut rester chez lui et vivre de l'aide sociale, ça m'étonnerait qu'aux US ils puissent en profiter longtemps.