Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
08.09.2025
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Un nouvel Afghanistan pourrait voir le jour au Sahel. Retour sur les six derniers mois.
Une nouvelle rébellion plane sur le nord du Mali
par Salima Tlemçani
El watan, rapporté par Temoust - 29 oct 2011
http://www.temoust.org/une-nouvelle-rebellion-plane-sur,15463
Au moment où le président Amadou Toumani Touré achevait sa visite officielle en Algérie, l’ombre d’une nouvelle rébellion au nord de son pays se précisait. Les informations publiées par la presse malienne sur le renforcement massif des troupes militaires dans les trois régions du nord (Gao, Tombouctou et Kidal) confirment la situation dans cette zone que partagent les Touareg, les terroristes et les trafiquants en tout genre. La chute d’El Gueddafi et la fin de son régime semblent avoir libéré les bonnes et les mauvaises initiatives dans ce no man’s land.
En effet, en plus de l’armement de guerre en provenance de Libye tombé entre les mains de Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeïd, le retour massif d’anciens loyalistes maliens d’El Gueddafi vers le nord a constitué une aubaine pour les compagnons de feu Bahanga, chef de la rébellion touareg, pour revenir restructurer leurs rangs et créer une nouvelle organisation armée, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA). Leur objectif: « Libérer l’espace de toute occupation », a déclaré son porte-parole chargé des relations extérieures, Hama Ag Sidahmed.
Nouvelle organisation militaire - Née du Mouvement national de l’Azawad (MNA), du Mouvement touareg malien (MTM) ainsi que de l’Alliance pour le changement et la démocratie (ADC), la nouvelle organisation est en réalité une initiative de Brahim Ag Bahanga, qui s’est attelé durant tout l’été jusqu’à sa mort, vers la fin du mois d’août 2011, dans des circonstances douteuses, à préparer le terrain pour unifier les rangs. Sa mort suspecte a retardé quelque peu l’échéance de ce projet, mais ses proches compagnons l’ont poursuivi et concrétisé. Ainsi, le 15 octobre dernier, les dirigeants des mouvements, le MNA et le MTM, ainsi que de nombreux responsables « militaires » et « politiques » de l’Azawad se sont réunis et ont décidé, après concertation, de « convenir d’un commun accord de dépasser les difficultés et asseoir des revendications politiques communes prenant en comptes les aspirations profondes des populations de l’Azawad », a déclaré Hama Ag Sidahmed.
« Après des débats constructifs sur l’avenir des populations de la région, du danger qui pèse sur l’Azawad, les parties présentes ont décidé de fusionner et de créer une nouvelle organisation, le MNLA, et ce, dans l’esprit des démarches déjà entamées, en accord avec les promesses et les engagements pris par le leader défunt Ibrahim Ag Bahanga », a affirmé notre interlocuteur, soulignant que la nouvelle organisation a pour objectif « de sortir les populations de l’Azawad de l’occupation illégale de leur territoire par le Mali étant donné que ce dernier est l’animateur, depuis plusieurs années, de l’insécurité dans la région ». A ce titre, un communiqué annonçant la création du mouvement a fait état d’un appel « pressant en direction de Bamako afin de répondre dans l’urgence aux revendications politiques déjà transmises par le MNA », alors que la communauté internationale est quant à elle interpellée pour « soutenir et appuyer cette initiative historique au profit de la stabilité de la région ». Le MNLA a par ailleurs exprimé son « rejet et sa condamnation » de « toute forme de terrorisme », estimant que celui-ci est « contraire aux valeurs et à la culture des populations ».
Scénarios pessimistes
Depuis, le mouvement s’est doté d’un chef d’état-major militaire, un des fondateurs de la rébellion, Mohamed Nadjem, ainsi que d’un secrétaire général chargé du volet politique en la personne de Billal Ag Cherif, et enfin d’un porte-parole en charge des relations extérieures, Hama Ag Sidahmed. Ce dernier a confirmé « la désertion d’au moins 23 officiers de l’armée malienne de rang supérieur pour rejoindre la nouvelle organisation », citant par exemple les cas des commandants Ag Habré et Hassan Feggaga, ou encore le colonel Essadat, mais également de nombreux ex-combattants de la rébellion. « Le noyau dur du MNLA est constitué de quelque 300 hommes armés et entraînés. Des campagnes de sensibilisation ont été menées en direction des nombreuses tribus de la région, et toute la population, qu’elle soit touareg ou arabe, a adhéré à l’initiative.
La nouvelle organisation a tiré les leçons des anciennes erreurs et pris le serment de faire la guerre non seulement à Al Qaîda mais aussi aux troupes militaires maliennes qui se préparent à réagir », a noté Hama Ag Sidahamed. Les propos du porte-parole font allusion aux informations publiées, la semaine écoulée, par la presse malienne faisant état de l’acheminement d’hommes et de matériel militaire vers le nord du Mali, juste avant la visite du président ATT à Alger. « Les militaires de la région de Gao, Kidal et Tombouctou verront bientôt leurs effectifs augmenter en hommes et en matériel pendant cette semaine. L’armée malienne est en train d’acheminer 18 BTR, une trentaine de BRDM et 120 véhicules tout-terrain équipés en armes. Avec, à l’appui, un nombre nécessaire de militaires qui s’élève à un millier d’hommes. Ce dispositif d’hommes et cet arsenal de guerre sont destinés aux trois régions du Nord-Mali qui connaissent un regain de tension ces temps-ci », lit-on sur plusieurs journaux.
Un mouvement qui ouvre la voie aux scénarios les plus pessimistes. Certains analystes n’ont pas hésité à faire le lien entre l’invitation d’ATT par Bouteflika et l’évolution dangereuse de la situation au nord du Mali. En dépit du huis clos imposé autour des discussions avec le locataire d’El Mouradia, le président malien aurait conditionné sa participation effective à la lutte contre le terrorisme, et notamment contre le refus de jouer à l’intermédiaire entre les preneurs d’otages et leurs pays respectifs pour arracher des rançons, par l’implication de l’Algérie dans l’extinction de la flamme qui risque d’embraser une grande partie de son territoire, sachant que les nouveaux « rebelles » ont un atout de plus que ceux qui les ont précédés: un armement sophistiqué, de l’argent et de l’expertise dans la guérilla. « Non », diront d’autres sources. Selon elles, ATT est en fin de mandat. L’envoi d’escadrons militaires au nord du pays est un signal fort en direction des Touareg. « Il vient à Alger quémander l’implication des dirigeants pour faire taire la révolte de la population et, sur le terrain, il envoie ses troupes pour parer à toute action.
S’il voulait vraiment fermer définitivement le dossier du Nord, il aurait juste appliqué les décisions qu’il a lui-même prises dans le cadre du règlement de la seconde rébellion. Sur cette question personne ne le croit, d’autant qu’il est à la porte de sortie… », a noté une source au fait du dossier. Scénario plausible sachant que celui-là même qui, jeudi dernier, à l’issue de sa visite à Alger, affirmait haut et fort qu’il ne permettra jamais aux troupes étrangères d’intervenir sur son territoire, a autorisé la France, et à deux reprises, à mener des opérations de libération d’otages et la Mauritanie ainsi que le Niger à poursuivre des terroristes. Des décisions qui viennent à contre-courant des mesures prises par les ministres des Affaires étrangères des pays du champ (Algérie, Mali, Niger et Mauritanie) en mars 2010, surtout que ces mêmes Etats ont créé une structure des états-majors de leurs armées, le Cemoc, à Tamanrasset, pour coordonner leur stratégie de lutte contre le terrorisme. Force est de constater qu’un autre conflit armé va faire sombrer la région du Sahel dans l’inconnu, faisant d’elle un espace où les pires scénarios d’embrasement sont possibles.
Libye: Témoignages de "mercenaires" touaregs de Kadhafi rentrés au Niger
AFP, Jeune Afrique - 04 sep 2011
http://www.jeuneafrique.com/Article/DEPAFP20110904211545/
« J'ai combattu pour Kadhafi, je suis rentré malade et sans un sou ! »: Silimane a déserté les forces pro-Kadhafi, en déroute, après avoir combattu pendant quatre mois les insurgés libyens et a retrouvé sa case en paille, à la périphérie d'Agadez, dans le nord du Niger. Silimane Albaka, 56 ans est un vétéran des deux rébellions touareg au Niger (1990 et 2009). Comme lui, des centaines d'ex- combattants touareg ont été contacté en avril par Agaly Alambo, figure de la deuxième révolte des Touareg qui vivait alors à Tripoli, pour des actions de mercenaires dans les forces du régime libyen. Rentré il y a trois semaines à Agadez, ce père de sept enfants, blessé à la poitrine pendant la bataille de Misrata (est de Tripoli), peine à nourrir sa famille. « Nous étions 229 ex-combattants à partir. Ils ont promis à chacun une avance de 3,2 millions FCFA (environ 5 000 euros), mais je n'ai jamais vu la couleur des billets », se lamente-t-il. « Ils ont ensuite dit qu'après la victoire, Kadhafi allait nous faire "d'immenses cadeaux", moi je n'ai vu que le déluge de feu des avions de l'OTAN », dit ce spécialiste des armes lourdes. « Depuis fin juillet, quelque 200 mercenaires touaregs ont fui la Libye pour Agadez, environ 500 sont à Syrte, mais je crois que tous les autres sont morts », regrette Silimane, qui a profité d'une évacuation à Tripoli pour s'évader par le Mali voisin.
« C'est la débandade », a affirmé à l'AFP Mohamed Anako, figure touareg de l'ex-rébellion et actuel président du Conseil de la région d'Agadez, confirmant le retour pendant les dernières semaines de "plusieurs dizaines" de Touareg partis combattre en Libye. Une source touareg estime à quelque 1 500 les ex-rebelles nigériens qui combattaient pour Kadhafi, dont une majorité vivant en Libye après avoir déposé les armes en 2009. Selon cette source, des proches du dirigeant libyen sont arrivés en avril à Agadez avec des mallettes remplies d'argent et ont recruté "des centaines" de jeunes, dont des militaires nigériens radiés de l'armée en 2002. D'après Almoudène Moha, autre ex-rebelle touareg rentré il y a deux semaines, "les intenses" bombardements de l'OTAN et "ses nombreux morts" ont semé la panique parmi les Nigériens. « On a eu très chaud, avec trois autres Nigériens on a organisé notre fuite dans notre véhicule de patrouille », raconte cet ex-mécanicien "enrôlé de force" par les loyalistes.
Ancien combattant touareg de 39 ans, Lamine Souleymane et trois de ses camarades, dont un Tchadien, ont parcouru plus de 80 km à pied après avoir déserté une garnison de Tripoli. « Nous avons simulé une prière collective, une fois très loin du camp, nous avons volé un véhicule que nous avons vendu à Agadez », témoigne Lamine Souleymane, rentré il y a deux jours. « Les soldats de Kadhafi sont venus dans nos appartements et ont recruté 110 d'entre nous. Ils nous ont fait miroiter à chacun un million FCFA (environ 1 500 euros), une maison et la nationalité libyenne », affirme Abdoulaye Ahmadou, 36 ans, un chômeur recruté en avril à Agadez par les pro-Kadhafi. « C'était l'enfer, un soir je me suis caché dans un camion de ravitaillement. Une fois en ville, j'ai rejoint des migrants qui rentraient au pays », dit-il, affirmant que de nombreuses armes ont été abandonnées dans le désert. Pour le moment, les "Mourtazak" (mercenaires en arabe) rentrent sans leur armes, mais ce retour inquiète au Niger où quelque 211 000 personnes ont fui depuis février les violences en Libye.
La crise libyenne et l’équation touareg: des conséquences régionales
par Bérengère Grimoud, analyste Maghreb/Sahel du Bureau Veille et Analyse Risques Pays du groupe GEOS
Les AfriqueS - 17 aot 2011
http://www.lesafriques.com/actualite/la-crise-libyenne-et-l-equation-touareg-des-consequences-regio-5.html?Itemid=89?articleid=29761
Alors que la situation actuelle en Libye incite les observateurs à envisager les différentes alternatives de sortie de crise, avec des inquiétudes à caractère économique essentiellement orientées vers la problématique pétrolière et l’impact du cours du baril sur les marchés, des conséquences sécuritaires majeures tout aussi dommageables pourraient intervenir à moyen terme ; et ce, quelle que soit l’issue de cet épisode révolutionnaire.
M. Kadhafi a fait appel aux Touaregs du Mali et du Niger en renfort afin de sécuriser le sud du pays, en vertu d’un accord datant de 1980. Le retour de ces derniers dans leurs territoires d’origine pourrait déstabiliser davantage encore une zone sahélienne déjà fragilisée.
Si le colonel Kadhafi se dit Touareg de par sa filiation maternelle, c’est davantage dans l’Histoire qu’il convient de trouver les fondements de cette relation fratricide. Plusieurs éléments touaregs sont membres de la légion islamique, mise en place par Kadhafi en 1969 dans le but de contribuer à la création d’un Etat islamique en Afrique du Nord, et se sont établis en Libye après le démantèlement de la légion en 1980. De 1981 à 1991, le colonel aurait même installé un camp d’entrainement qui leur était destiné dans ces régions septentrionales. De nombreux acteurs clefs au Sahel, tel que l’ancien chef rebelle du Mali Ibrahim Ag Bahanga – qui a momentanément trouvé refuge à Tripoli – en sont d’ailleurs issus. M. Kadhafi ne cessera, dès lors, de tenter de conforter cette position de pivot et d’étendre son influence au travers de ce peuple nomade.
Une force politique et militaire - En avril 2006, lors de la fête du Mouloud à Tombouctou, le Guide a mis en place la « grande association des tribus du grand Sahara » regroupant les Touaregs d’Algérie, du Mali et du Niger ; un projet initié en 2005, où au cours d’une réunion dans la ville frontière d’Oubari, il avait explicitement poussé les Touaregs à se fédérer en une force politique et militaire. Il a depuis oscillé tantôt entre la posture de médiateur et celle de porte-parole des Touaregs, comme lorsqu’en août 2008, au cœur de la rébellion maliano-nigérienne, il s’était entretenu avec le chef des bandits armés du Niger, Aghali Alambo, contribuant à leur faire abandonner les armes.
Et dès le commencement de cette crise libyenne, le 17 février dernier, c’est tout naturellement que ces Touaregs se sont à nouveau rapprochés de M. Kadhafi. Ils auraient participé aux manifestations de soutien au Guide rapportées au début du mouvement de violences, arrivés à bord d’un gros porteur à l’aéroport de Tripoli. Aujourd’hui encore, les troupes du general Ali Kana, Touareg en charge des garnisons du Sud, font partie de la garde rapprochée de M. Kadhafi et constituent une base-arrière militaire stratégique du régime central de Tripoli. Aghali Alambo, l’ancien patron controversé du MNJ au Niger, serait également actuellement dans la capitale ainsi que les anciens rebelles du sud libyen à Sebah et Oubari. Un bureau de recrutement discret serait installé dans un hôtel de Bamako appartenant à la Libye et les entretiens seraient menés par un diplomate libyen qui servirait d’agent recruteur, en liaison directe avec ceux postés directement en zone sahélienne.
Ces Touaregs sont assimilés à des mercenaires privilégiés, sans lien de consanguinité ni d’ethnie, étrangers aux aspirations libertaires des Libyens. A terme, forts de l’argent et des moyens logistiques collectés lors de cette crise libyenne, ils pourraient développer leurs activités et multiplier les rezzous (pillages), contribuant par là-même, tant à la remise en cause qu’à la destruction des structures et schémas traditionnels locaux, dans des pays où la paupérisation et la famine sont déjà ancrées. Organisés et galvanisés par la lutte, structurés par cette session d’entrainement libyenne, s’appuyant sur des moyens logistiques leur conférant une mobilité accrue – notamment via la récupération de véhicules – ils devraient tenter de procéder méthodiquement à la récupération des zones du nord malien et nigérien.
Schéma somalien - Un schéma de guerres claniques à l’image de celui observé en Somalie reste probable, – la Libye étant un conglomérat qui s’appuie sur une structure tribale fractionnée de plusieurs centaines de groupes, mais les Touaregs devraient avant tout asseoir leur influence, déjà conséquente, dans les zones volatiles nordistes du Mali et du Niger.
Au Niger, le processus politique en cours et la période de transition assimilée fragilisent grandement une situation pourtant étroitement encadrée par l’armée depuis la prise du pouvoir de la junte. Cependant, les luttes armées pourraient prospérer et les Touaregs mettre rapidement à profit ce déficit politico-sécuritaire pour y développer leur mouvement.
Au Mali, où le gouvernement est particulièrement soucieux de maintenir l’équilibre entre la souveraineté et la quasi-autonomie de l’extrême nord du pays, la présence excessive de l’armée y suscitait déjà, depuis plusieurs mois, une certaine ferveur, encourageant les Touaregs à y reprendre les armes. Aussi, une fois revenus sur ces territoires, où l’implantation et l’implication de mouvements djihadistes qui ne se sentent plus concernés par l’accord implicite passé avec les autorités bamakoises est de plus en plus importante, ces éléments touaregs devraient trouver un champ d’action d’autant plus favorable ; champ d’action qui sera de facto exploité par AQMI, qui entend de la même manière jouir de l’ensemble de ces zones de non-droit.
Alerte au Sahel contre Al-Qaïda qui s’armerait en Libye
par Amer Ouali et Serge Daniel
AFP, Temoust - 08 avr 2011
http://www.temoust.org/alerte-au-sahel-contre-al-qaida,15371
ALGER — L’insurrection en Libye inquiète de plus en plus l’Algérie et ses voisins du Sahel, tous convaincus qu’une partie de l’armement du colonel Mouammar Kadhafi est désormais entre les mains d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (Aqmi) qui se serait ainsi dotée en moyens d’une véritable armée.
"Il y a là un très grand danger de voir Aqmi devenir l’une des armées les plus fortes du Sahel", s’inquiètent auprès de l’AFP des responsables de la lutte contre la branche maghrébine de l’organisation d’Oussama Ben Laden. Selon eux, "beaucoup d’armes sont tombées dans les mains des terroristes, surtout des missiles sol-air" après le pillage des casernes du régime de Kadhafi. "La menace est réelle, elle n’est pas du tout exagérée", a déclaré à l’AFP Eric Denécé, directeur du Centre français de recherches sur le renseignement (CF2R) qui vient d’effectuer une mission à Tripoli en compagnie notamment de l’ancien patron de la DST, Yves Bonnet. L’expert refuse pour l’instant d’en dire davantage, attendant la publication dans une dizaine de jours du rapport de mission après un prochain voyage à Benghazi, la capitale des insurgés.
Héritière du GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat) algérien, Aqmi opère dans la bande soudano-sahélienne, une vaste zone, comprenant plusieurs pays dont le Mali, le Niger et la Mauritanie, où elle a multiplié ces dernières années les enlèvements d’Européens surtout, en exécutant certains.
Les responsables de la lutte anti Aqmi qui se sont confiés à l’AFP sous le couvert de l’anonymat, avaient observé la présence en Libye de "beaucoup de citoyens avec des missiles sur l’épaule, au début de la crise libyenne". Sont évoqués notamment des missiles anti-aériens Sam7. Mais ce n’est plus le cas parce que "Al-Qaïda en a beaucoup pris" et "ces armes sont même parvenues dans le Sahel", déplorent-ils en estimant "plus que jamais nécessaire la coopération sous-régionale en matière de lutte contre le terrorisme". "Nous travaillons dans la lutte contre le terrorisme avec un noyau dur composé du Mali, de l’Algérie, de la Mauritanie, du Niger, mais nous l’étendons aux autres pays comme le Tchad ou le Burkina Faso", disent-ils.
Première puissance militaire de la région mais aussi pays ayant le plus souffert de la violence islamiste qui continue d’y sévir, l’Algérie a insisté sur cette menace dès les premières opérations de la coalition internationale contre les moyens militaires du dirigeant libyen. Son ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a qualifié de "chance de plus que nous donnons aux terroristes", la situation en Libye qui, selon lui, risque de se trouver "exacerbée par l’intervention étrangère". Selon des informations de la presse algérienne non confirmées, l’Algérie a renforcé ses moyens militaires à sa frontière avec la Libye. Son ministre de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, s’est rendu il y a deux jours à la frontière avec le Niger où il a visité le poste frontalier d’In-Guezzam, en compagnie des autorités civiles et militaires de la wilaya (département) de Tamanrasset (2.000 km au sud d’Alger).
Mardi, dans cette grande ville de l’extrême sud algérien, M. Ould Kablia a déclaré que l’Algérie "doit améliorer la sécurité à ses frontières" en raison de "la situation en Libye qui peut être exploitée par les ennemis" du pays. Le même jour, le ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, exprimait aussi les inquiétudes de son pays.
Aqmi, dont un des principaux théoriciens est le Libyen Abou Yahya al-Libi, pourrait "s’accaparer d’un armement lourd et sophistiqué de nature à mettre en péril la sécurité dans cette région et bien au-delà", a alerté le ministre.
Inquiétude des pays voisins sur l'avenir des Touaregs de l'armée libyenne
RFI - 03 mar 2011
http://www.rfi.fr/afrique/20110303-inquietude-pays-voisins-avenir-touaregs-armee-libyenne
La présence massive de Touaregs en Libye, aux côtés du colonel Kadhafi, pose un vrai problème sous-régional. Ces populations nomades originaires du Niger, du Mali et de l'Algérie ont trouvé refuge depuis des années dans le Sud libyen à Sebah et Oubari. Mais aujourd'hui, cette présence en Libye et ce soutien apporté au numéro un libyen posent un problème de taille à toute la sous-région.
Les Touaregs seraient-ils les obligés de Kadhafi ? Dans les années 80, le guide libyen a passé un accord avec les réfugiés touaregs maliens et nigériens: j'assure votre protection moyennant quoi vous sécurisez le Sud libyen. Aujourd'hui, les Touaregs sont des milliers à servir le guide dans son armée régulière. Selon un Libyen, les Touaregs constituent même la garde rapprochée de Kadhafi. Ainsi, c'est un Touareg, le général Ali Kana qui est le responsable des garnisons du Sud. Ces troupes représentent aujourd'hui la base arrière militaire stratégique de Kadhafi.
Mais Mouammar Kadhafi a besoin de sang neuf et de nouvelles recrues. Selon un Touareg nigérien, le « guide » libyen, à coup de promesses d'argent et d'armes, tente de recruter auprès des jeunes Touaregs du Mali et du Niger. Il s'appuie sur des relais efficaces: d'anciens chefs rebelles, comme Aghali Alambo l'ancien patron controversé du MNJ au Niger, sont à Tripoli.
Mais dans la communauté touareg le doute s'installe: que deviendront-ils après la chute de Kadhafi ? Ils seront lynchés comme de vulgaires « collabos », craint un Touareg de la diaspora. A Niamey et à Bamako on redoute aussi les lendemains de cette insurrection. Des élus et des responsables politiques craignent le reflux massif de réfugiés touaregs dans une région sahélienne déjà très fragile, au point de souhaiter eux aussi le maintien du colonel Kadhafi au pouvoir.