Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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13.10.2025
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Ce coup d'Etat en Guinée Bissau est le coup de force d'un gang pour en éliminer un autre et contrôler le trafic de drogue. Le putsch à la coke est la spécialité du pays. Chaque fois que le président (ou le PM) se mêle de ce qui ne le regarde pas, il se fait éliminer. La dernière fois, c'était en 2010, un 1er avril, et c'était pas une farce. Voila pourquoi il y a des militaires partout et qu'ils sont présents dans tous les partis. Alors évidemment, ceux qui doivent leur situation aux militaires collaborent avec les putschistes, ils ont intérêt. Ça n'empêche que tous les 6 mois, quand la valise qui contient les billets n'arrive pas à temps, les militaires s'énervent, il y a une mutinerie, un réglement de comptes, un putsch. Sans compter les jeux d'influence régionaux entre l'Angola, le Nigéria, la RDC et les islamistes qui prélèvent leur part quand la coke transite au Sahel... Les prix montent comme la température, alors ça énerve et Pan ! Passionnant...
Bon, il n'y a pas vraiment d'articles intéressants, il faut se contenter des dépêches d'agences. C'est dommage.
La Guinée-Bissau, plaque tournante de la cocaïne vers l’Europe
par Mario de Queiroz
IPS - 04 fév 2008
http://www.ipsnouvelles.be/news.php?idnews=9636
LISBONNE - La Guinée-Bissau est en passe de devenir la plaque tournante en Afrique du trafic de drogues en provenance d’Amérique latine et à destination de l’Europe, indique un rapport du Bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime (UNODC) publié fin décembre. Dans ce document intitulé “Le trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest. Une menace pour la stabilité et le développement”, l’Office contre la drogue et le crime de l’ONU souligne qu’au cours des dernières années, les quantités de cocaïne transportées d’Amérique du Sud via l’Afrique de l’Ouest en direction de l’Europe ont augmenté de manière considérable. De 2005 à 2007, 33 tonnes de cocaïne destinées au marché européen et transitant par l’Afrique de l’Ouest ont été saisies par les services de répression européens opérant dans les zones maritimes internationales et par les services africains de lutte contre la drogue. Auparavant, les saisies pour l’ensemble du continent dépassaient rarement une tonne par an, souligne le rapport.
Pour UNODC, il y a donc un risque croissant que certains Etats d’Afrique de l’Ouest soient “capturés” par des réseaux criminels étrangers ou locaux. Pour un pays comme la Guinée-Bissau, “les implications en matière de sécurité touchent au coeur même de la capacité de l’Etat à maintenir sa souveraineté et à préserver son intégrité”, poursuit le document. Selon l’Office, les trafiquants sud-américains se sont en effet “relocalisés” sur les côtes d’Afrique de l’Ouest parce qu’ils y trouvent des avantages à exploiter la pauvreté et les faiblesses politiques de certains pays de la sous-région.
La Guinée-Bissau est particulièrement vulnérable, car il s’agit du plus petit et plus pauvre Etat de la région. Le PIB par habitant y est estimé à environ 700 $ par an et le budget national équivaut à la valeur sur le marché du gros de 2 tonnes et demie de cocaïne en Europe, indique l’Office. En outre, la Guinée-Bissau partage avec le Brésil, le Cap Vert et le Portugal, non seulement la langue portugaise, mais aussi des liens culturels importants, et le territoire de ces pays lusophones jouent un rôle clé dans le trafic de cocaïne depuis l’Amérique latine vers l’Europe. “La Guinée-Bissau a aussi une longue histoire de conflits et de régimes militaires qui fait que le pouvoir exécutif ne dispose que de peu de moyens face à l’armée, et ce malgré des allégations répétées à propos de son implication dans le trafic de drogues”, souligne encore le document.
Par ailleurs, le territoire de la Guinée-Bissau est délimité par une côte marécageuse au large de laquelle l’archipel de Bijagos est formé de nombreuses petites îles abritant pour la plupart des pistes d’atterrissage. Enfin, les risques judiciaires encourus par les trafiquants sont limités en Guinée-Bissau, car le système judiciaire manque totalement de moyens et peine à lutter contre la corruption. L’unique prison du pays a été détruite au cours des affrontements armés de 1998. Depuis le milieu des années 80, la cocaïne a perdu de son attrait aux Etats-Unis et, aujourd’hui, une proportion croissante de la production de cocaïne n’est plus destinée aux marchés nord-américains, mais se dirige vers l’Europe occidentale.
Guinée Bissau: Le leadership angolais à la base du nouveau chaos
par Pek
Le Potentiel - 16 avr 2012
http://www.lepotentiel.com/afficher_article.php?id_article=122429&id_edition=10096
Les militaires qui ont pris le pouvoir en Guinée-Bissau poursuivent leurs discussions avec d'ex-opposants pour former un gouvernement d'"union", au moment où des interrogations entourent, comme le fait remarquer le site de Jeune Afrique, le rôle du chef de l'armée, dont l'arrestation est "une farce" pour certains. Le dernier coup d'Etat du 12 avril illustre une nouvelle fois le rôle majeur et déstabilisateur de l'armée en Guinée-Bissau, pays qui a obtenu son indépendance du Portugal en 1974 après une guerre de libération et qui est devenu une plaque tournante du trafic de drogue entre l'Amérique du Sud et l'Europe.
La junte qui a pris le pouvoir a affirmé ne pas vouloir le conserver et compter "oeuvrer le plus rapidement possible" au retour "à une vie constitutionnelle normale". Elle a ouvert vendredi des négociations avec une dizaine de partis de l'ex-opposition en vue de former un "gouvernement d'union nationale" dans lequel elle a d'entrée de jeu exigé les ministères de la Défense et de l'Intérieur. Après s'être concertés samedi 14 avril 2012, les dirigeants de ces partis ont de nouveau rencontré la junte hier dimanche. La réunion se poursuivait à la mi-journée. "Nous avons deux propositions à présenter aux militaires, l'une constitutionnelle, l'autre pour un changement radical", a déclaré Fernando Vaz, porte-parole de ces partis, sans précision sur le contenu de ces propositions.
En attendant l'issue des négociations, un analyste estime que cette situation pour le moins dramatique de la Guinée Bissau s'inscrit dans la logique de l'Angola d'avoir le leadership dans le Golfe de Guinée compris au sens géopolitique du terme et au-delà de son aspect institutionnel c'est-à-dire de la Commission du Golfe du Guinée comprenant l'Angola, le Nigeria, le Cameroun, la Guinée Equatoriale, São Tomé et Principe, le Congo et la République démocratique du Congo. Cette analyse recoupe les accusations des putschistes bissau -guinéens qui dénoncent un accord secret signé entre le régime déchu et l'Angola.
[RFI, 16/04/2012](...) Depuis que les militaires bissau-guinéens ont réussi à neutraliser l'homme qui les gênait, le Premier ministre Carlos Gomes Junior, depuis qu'ils ont réussi à contrecarrer sa probable élection au poste de président, l'état-major tente de rendre cette nouvelle intervention de l'armée dans la vie politique bissau-guinéenne plus présentable. Samedi, dans son communiqué n°7, la hiérarchie militaire s'est efforcée de tenir un langage de séduction vis-à-vis des politiques et de la communauté internationale. Elle a affirmé qu'elle faisait de gros efforts pour créer les conditions d'un retour rapide à l'ordre constitutionnel, et déclaré qu'elle voulait aider à relancer la réforme des secteurs de la défense et de la sécurité. Tout comme elle souhaite en finir avec la culture chronique de l'impunité. Au cours du week-end, les militaires ont donc obtenu le soutien de certains partis bissau-guinéens qui ont tenté de donner un peu de légitimité politique au coup de force. (...)
Grève en Bissau contre le coup d'Etat: banques et administrations fermées
AFP, Romandie news - 16 avr 2012
http://www.romandie.com/news/n/_Greve_en_Bissau_contre_le_coup_d_Etat_banques_et_administrations_fermees54160420121550.asp
BISSAU - La grève générale déclenchée lundi par le principal syndicat de Guinée-Bissau pour protester contre le coup d'Etat du 12 avril était largement suivie dans les administrations et banques de la capitale, où les petits commerces continuaient toutefois de fonctionner normalement. « Personne ne travaille », a déclaré à l'AFP Stevon Gomis, secrétaire général de l'Union nationale des travailleurs de Guinée-Bissau (UNTG), réputé proche du PAIGC, parti de l'ex-Premier ministre Carlos Gomes Junior, arrêté par les putschistes en compagnie du président intérimaire Raimundo Pereira. « C'est dû au mot d'ordre de grève que nous avons lancé pour que nos membres restent à la maison (...). Nous n'avons pas d'interlocuteur parce qu'il n'y a pas de gouvernement. Nous resterons à la maison jusqu'à ce qu'un gouvernement soit mis en place », a-t-il ajouté.
A Bissau, la plupart des administrations étaient fermées. A l'Institut de prévoyance sociale et au siège du ministère de l'Economie et des Finances, dans le centre-ville, les bureaux étaient totalement déserts, ont constaté des journalistes de l'AFP. De nombreuses banques, dont la plupart sont privées, sont également restées closes, amenant les clients à se ruer sur les distributeurs. Toutefois, il était difficile de savoir si ces fermetures étaient liées directement à l'appel de l'UNTG ou à la peur d'éventuelles violences après le coup d'Etat du 12 avril survenu à deux semaines du second tour de la présidentielle, dont Carlos Gomes Junior était le grand favori. « Les gens ne sont pas venus travailler. Beaucoup ont peur », a déclaré à l'AFP un gardien d'une administration du centre-ville. Dans les rues de Bissau, la plupart des échoppes fonctionnaient normalement, tout comme le marché Bandim, le plus important de la capitale.
EDIT (17 avril 2012) 24 heures après avoir passé un accord avec les militaires putschistes, les principaux responsables des partis de l'ex-opposition se sont finalement ravisés. Sous la pression internationale et de la Cedeao, ils estiment peut-être pouvoir mieux préserver leurs carrières en jouant la carte démocratique... mais si jamais ça ne se passe pas comme ils espèrent, et bien ils changeront encore de camp. Ils ont l'habitude, ils font de la politique, et les putschs, ils connaissent...
L'article qui suit en retrace l'histoire.
La Guinée Bissau et la malédiction des putschs
par Aya Touré
Slate Afrique - 17 avr 2012
http://www.slateafrique.com/85749/guinee-bissau-un-pays-marque-par-de-miltiples-coups-d-etat
Pour comprendre l'interminable succession de coups de force auxquels nous a habitués la Guinée Bissau, il faut remonter dans l'histoire de ce pays d'Afrique de l'Ouest, coincé entre le Sénégal et la Guinée-Conakry. Le 10 septembre 1974, après de longues années de lutte armée, les guérilleros du Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC) arrachent leur indépendance au colonisateur portugais.
Fort de ce rôle déterminant dans l'accession du pays à la souveraineté, ce mouvement politico-armé va dominer la vie politique pendant plusieurs décennies. Et les militaires, initialement tous des anciens maquisards, ont conservé jusqu'à maintenant une place centrale sur l'échiquier national, même si beaucoup des soldats qui la composent aujourd'hui n'ont pas connu l'époque où leurs aînés ont pris les armes pour chasser les colons portugais.
Cette armée occupe une position particulièrement ambiguë. Contrairement à d'autres pays africains, elle n'a jamais, en tant que telle, durablement conservé le pouvoir. En 1999, après avoir démis le chef de l'Etat de l'époque, Nino Vieira, le général Ansoumane Mané, avait rapidement transmis les rênes au président de l'Assemblée nationale, Malam Bacaï Sanha. De même, après avoir renversé Kumba Yala, en septembre 2003, le général Verrissimo Correira Seabra ne tarde pas à nommer un président intérimaire civil, Henrique Rosa. Pour autant, les militaires, parfois pour leur propre compte, parfois dans un subtil jeu de manipulation réciproque avec les hommes politiques, ne cessent de perturber la vie du pays.
L'une des raisons essentielles, même s'il elle n'est pas la seule, tient à une volonté bien ancrée chez une partie au moins — et influente — de cette armée, de défendre coûte que coûte son territoire. Selon un récent rapport de l'ONG américaine International Crisis Group, l'armée bissau-guinéenne est pléthorique au regard du nombre d'habitants. « Le chiffre généralement évoqué pour la Guinée est de 4 à 5 soldats pour mille habitants, mais si l’on considère les militaires stricto sensu (hors forces de police), le taux est d’un peu moins de 3 pour 1.000 (4.500 soldats pour 1,6 million d’habitants), taux qui reste très élevé, puisque la moyenne des autres pays de la Cédéao est de 1,2 pour 1.000, indique ICG. Elle est marquée par un très fort déséquilibre entre militaires de rang et officiers, et l’âge moyen est trop élevé. La gestion du personnel et la formation sont désorganisées, et les conditions de vie et de travail de la plupart des militaires sont déplorables », fait savoir l'ONG.
Une réforme du secteur de la sécurité (RSS) a été officiellement lancée en 2006. Une première série de lois organiques pour la mettre en œuvre a été adoptée entre avril et juin 2010. Sur le papier 3.000 militaires sont censés être démobilisés. L'idée étant de créer une armée beaucoup moins pléthorique, bien entraînée et organisée, et dont les soldats seraient correctement payés. Tout cela pour éviter qu'elle ne cesse d'intervenir dans le jeu politique. Mais ce projet de restructuration, connaît de nombreux ratés, au point que l'Union européenne, qui avait déployé une mission d'appui en 2008, a fini par le retirer en septembre 2010.
Il faut dire que le contexte n'avait rien d'encourageant. Le 1er avril 2010, le chef d'état-major, Zamora Induta, avait été renversé par son adjoint, Antonio Injai, tandis que le Premier ministre, Carlos Gomes Junior, était brièvement arrêté. Dans le même temps, le général Bubo Na Tchuto, accusé de jouer un rôle clé dans le trafic de cocaïne, était réhabilité et n'allait pas tarder à retrouver son poste de chef d'état-major de la Marine, puis d'être blanchi d'accusations de tentative de coup d'Etat.
D'autres incidents ont suivi, comme cette tentative de déstabilisation, attribuée à Bubo Na Tchuto et d'autres officiers, le 26 décembre 2011, jusqu'au dernier coup de force du 12 avril 2012. Cette fois-ci, les militaires ont justifié leur intervention par le rôle croissant de l'Angola en Guinée Bissau, depuis l'envoi d'une mission militaire, censée participer à la restructuration de l'armée, mais perçue par cette dernière comme une force étrangère susceptible de menacer sa position. Mission dont une partie de l'armée et de la classe politique, dénonçait par ailleurs la proximité avec le Premier ministre Carlos Gomes Junior, par ailleurs candidat du PAIGC (et vainqueur potentiel) au deuxième tour de la présidentielle, qui aurait dû se tenir le 22 avril.
Dans son rapport, International Crisis Group ajoute aussi: « Pour les responsables militaires qui ont été mêlés aux crimes des dernières années, tentatives de coup d’Etat, meurtres et trafic de drogue, la question de la retraite mais aussi celle de la garde nationale [qui rééquilibrerait les pouvoirs au sein de l'appareil sécuritaire] sont cruciales. » Rester dans l’armée, surtout si celle-ci a un monopole sur les moyens de la violence, « leur apparait comme la seule protection contre d’éventuelles sanctions ». Ce qui est vrai. D'autant que de nombreux crimes restent non-élucidés, comme l'assassinat du général Verrissimo Correa Seabra, en 2004, à l'époque chef d'état-major, et surtout ceux, successifs, du président Joao Bernardo Vieira, et du chef d'état-major de l'époque, Tagmé Na Wai, suivis d'autres meurtres de personnalités politiques dans les mois et les années qui ont suivi. Tandis que le trafic de cocaïne semble être toujours une manne dont beaucoup de militaires, voire de personnalités, de tous bords continuent à profiter.
Quoi qu'il en soit, la Guinée Bissau vit une énième période d'instabilité. Dans ce contexte, on reparle de l'envoi d'une force d'interposition en Guinée Bissau. La Communauté des pays de langue portugaise (CPLP), dont la présidence est assurée par l'Angola, a appelé au déploiement d'une telle force sous l’égide des Nations unies et en accord avec la Communauté économique économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union africaine et l’Union européenne. Un projet similaire avait été déjà été évoqué en 2010, mais n'avait jamais abouti, en raison de l'opposition de l'armée et d'une partie de la classe politique.
Guinée Bissau: Les militaires interdisent les manifestations de rues
RFI - 17 avr 2012
http://www.rfi.fr/afrique/20120417-guinee-bissau-militaires-interdisent-manifestations-rues-population
Dans un nouveau communiqué diffusé ce mardi 17 avril 2012, les militaires bissau-guinéens disent qu’ils ne veulent plus voir de manifestations dans les rues. Ils demandent à la population de s’abstenir d’organiser des marches, que ce soit en faveur de la déposition de Carlos Gomes Junior ou contre celle-ci. La mise en garde est très claire: « la désobéissance aux ordres, dit ce communiqué, impliquera une répression sévère des éventuels auteurs qui assumeront leur responsabilité ».
Les évêques de l’Eglise catholique de Guinée-Bissau, de leur côté, ont lancé ce mardi matin un appel intitulé « Ton frère est celui qui te dit toujours la vérité ». « Nous faisons face, déclarent-ils, à un problème national très grave et dont les conséquences sont imprévisibles ». Les évêques rejettent « clairement » cette option militaire. Jamais, expliquent-ils, des coups similaires n’ont réussi dans l’histoire du pays à résoudre les causes profondes des problèmes. Les évêques bissau-guinéens appellent à un « respect sacré » pour les lois de la République au travers des institutions démocratiquement élues. Ils demandent également à la communauté internationale de continuer à aider la Guinée-Bissau à trouver une solution.
Il y a eu pour l’instant un effet d’annonce avec cette déclaration la nuit passée du président de la commission de la Cédéao Kadré Désiré Ouedraogo, affirmant que les militaires étaient prêts à un retour à l’ordre constitutionnel normal. Cependant, pour l’instant, le fond du problème ne semble pas encore réglé. Le processus électoral va-t-il reprendre ? Retour à l’ordre constitutionnel, cela signifie-t-il que la création du Conseil national de transition et la dissolution des institutions sont finalement stoppés ? Quelle liberté d’action politique sera laissée à Carlos Gomes Junior ? Pour le moment, la Cédéao dit que les modalités du retour à la Constitution seront précisées avec un de ses représentants et toutes les parties prenantes, mais il est bien clair que c’est là, dans ces questions précises, que se trouvent les principales difficultés.
EDIT (19 avril 2012) Nouveau revirement... Finalement les chefs de partis ont été convaincus par quelques vagues promesses que l'attachement à la Constitution ne valait pas de se faire trouer la peau.
Guinée-Bissau: Une semaine après le putsch, militaires et opposants scellent leur alliance
AFP, Africa n°1 - 19 avr 2012
http://www.africa1.com/spip.php?article20994
BISSAU - Une semaine après le coup d’Etat en Guinée-Bissau, l’armée et l’opposition ont scellé leur alliance en s’accordant sur une "transition démocratique" de deux ans au risque de placer leur pays, déjà miné par une instabilité chronique, au ban de la communauté internationale. Après l’Union africaine (UA) et la Francophonie qui avaient suspendu mardi la Guinée-Bissau, la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD) ont annoncé mercredi soir qu’elles suspendaient leur aide au développement.
L’accord, signé mercredi soir entre la junte et les principaux opposants à l’ancien Premier ministre Carlos Gomes Junior, consacre la fin du processus électoral entamé le 18 mars avec un premier tour de présidentielle largement remporté par l’ancien chef de gouvernement. Il prévoit que la "transition démocratique" s’achèvera dans un délai "maximal" de deux ans par "l’organisation simultanée d’élections présidentielle et législatives". L’armée "retournera dans les casernes volontairement, dans un esprit de soumission au pouvoir politique, après l’investiture du président de transition, du gouvernement de transition et du Conseil national de transition", "organe de contrôle législatif" chargé de "gérer le processus de transition", précise le texte. Aucune indication n’a été donnée ni sur la composition de cet organe, ni sur les noms des futurs président et Premier ministre, qui ont été "présélectionnés" par les partis avant d’être soumis au Commandement militaire, selon des délégués aux négociations.
En présentant leur texte à la presse, militaires et anciens opposants se sont mutuellement congratulés: "c’est un bon accord", s’est félicité Cirilo Rodrigues, chef du Parti socialiste."Nous venons d’assister à un moment symbolique", a affirmé le porte-parole de la junte, le lieutenant-colonel Daba Na Walna. "Nous avons réussi à arracher le pouvoir aux militaires et c’est ça le plus important", fanfaronnait le chef du PS devant les journalistes, affirmant que "la Cédéao (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) ne demandait rien d’autre que ça".
La Cédéao, tout comme l’UA, l’ONU ou le Portugal, ancienne puissance coloniale, avaient exigé après le putsch le retour à l’ordre constitutionnel, insistant sur la libération des dirigeants toujours incarcérés. "Dire qu’on a respecté ce que la Cédéao avait demandé est une mauvaise lecture de ce qui s’est dit", a sobrement commenté un diplomate à Bissau." La Cédéao s’était prononcée pour un retour à l’ordre constitutionnel, ce qui signifie le retour au pouvoir de ceux qui ont été élus", a-t-il observé. Or, l’ancien parti au pouvoir, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), n’a pas pris part aux négociations, refusant par avance un accord jugé "anticonstitutionnel et antidémocratique". Le PAIGC a appelé mercredi à l’envoi d’une force de l’ONU pour "protéger la jeune démocratie". Le Conseil de sécurité pourrait se réunir rapidement à la demande de Lisbonne et Brasilia afin d’étudier la demande des pays lusophones de création d’une "force d’interposition".
Interrogé sur les éventuelles sanctions qui pourraient s’abattre sur la Guinée-Bissau, Artur Sanha, du Parti de la rénovation sociale, principal parti de l’ex-opposition, s’est montré confiant. "La Cédéao, l’Union africaine, les Nations unies et les autres organisations internationales devraient louer la Guinée-Bissau pour son expérience en matière de transition du pouvoir", a-t-il estimé.
Depuis 1999, ce pays d’Afrique de l’Ouest, considéré comme la plaque tournante du trafic de cocaïne entre Amérique du Sud et Europe, a connu pas moins de trois "transitions", après deux coups d’Etat (en 1999 et 2003) et l’assassinat par des militaires du président Joao Bernardo Vieira en 2009.
EDIT (3 août 2012)
Guinée Bissau: Trafic de drogue, vente d’armes et rivalités ethniques
par Khalil Dieme
Afrik - 03 aot 2012
http://www.afrik.com/article26473.html
L’un des pays les plus instables institutionnellement de l’Afrique de l’Ouest, la Guinée-Bissau, est pris en otage par le trafic de drogue, la vente d’armes et les rivalités ethniques. Alberto Dabo, politologue, décrypte la situation alarmante de la capitale, Bissau.
En décryptant la situation politique de la Guinée Bissau, Alberto Dabo révèle que son pays est pris en otage par deux formations politiques: le Parti africain de l’indépendance de la Guinée et du Cap vert (PAIGC) et le Parti Africain de la Rénovation Sociale de Mohamed Kumba Yalà. « Chacune de ces formations politiques a sa propre branche armée au sein de l’armée nationale. Dès lors, à tout moment, elles peuvent manipuler l’armée nationale pour défendre les intérêts personnels de leurs formations politiques. »
Selon le politologue, « l’une des activités que pratiquaient les autorités militaires de la Guinée-Bissau entre 1982 et 2000; c’est la vente d’armes en destination de la rébellion du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (Mfdc) ». A l’époque, les défunts généraux Ansoumana Mané, Brismo Corréia, Tagmé Na Wayé et le colonel Samba Diallo étaient tous accusés de vendre ou de convoyer, en direction des chefs rebelles du Mfdc, qui réclament depuis 1982 l’indépendance de cette partie du Sénégal. Pour le contrôle de cette activité, des règlements de compte sont souvent notés entre différents chefs militaires. D’après plusieurs observateurs politiques de Bissau, le nombre d’assassinats est croissant.
Pour M. Dabo, le trafic de cocaïne a progressivement remplacé celui de la vente d'armes. Des militaires et hommes politiques sont fortement impliqués dans cette activité illicite. « C’est pourquoi, les nouvelles autorités militaires, à leur tête le général Antonio Indjai, se sont opposés au pouvoir politique mis en place par la Cedeao pour réformer l’armée nationale. Parce que, ces officiers et sous-officiers qui refusent d’aller en retraite tirent leurs revenus à partir de ce trafic de cocaïne », a-t-il expliqué. Le contrôle de ce trafic serait à l’origine de plusieurs assassinats de personnalités politiques. L’ONU note par ailleurs dans un rapport de l’année dernière que de nombreux groupes criminels, notamment nigérians et latino-américains, organisent le trafic. De plus en plus, la Guinée-Bissau devient donc une plaque tournante du trafic de drogue.
Alberto Dabo est catégorique: « le troisième facteur de l’instabilité en Guinée-Bissau est lié aux rivalités qui opposent les ethnies Ballantes, qui sont majoritaires avec 25 % de la population qui s’identifie dans le parti de la rénovation sociale (PRS) de Kumba Yalà, l’ancien président de la République; aux Manjacque et Papel qui sont les actionnaires majoritaires du parti de l’indépendance de la Guinée et du Cap Vert (PAIGC). Chacune de ces formations politiques a sa propre branche armée au sein de l’armée nationale pour déstabiliser le régime en place », a-t-il révélé. Les ethnies Ballantes, qui seraient représentées à 60 % dans l’armée, cherchent toujours à contrôler le pouvoir politique malgré les réformes annoncées par la Cedeao.
Depuis son accession à l’indépendance, on note régulièrement des coups d’Etat ou des mutineries dans ce pays. Le dernier putsch remonte au 13 avril 2012, en pleine campagne du second tour de la présidentielle, qui opposait le premier ministre sortant Carlos Jùnior Gomez, au chef de l’opposition Kumba Yalà.