Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (392)
· 00 - Archivage des brèves (767)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (548)
· 40 - Planète / Sciences (378)
· 10 - M-O. Monde arabe (381)
· . Histoires et théories du passé (217)
· 20 - Japon, Fukushima (236)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (251)
· 24 - USA (297)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (315)

Statistiques

Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 13.09.2025
8564 articles


Rechercher

Chevron, Exxon & Cie rêvent d'"enschister" l'Europe de l'est

Publié le 22/03/2012 à 14:45 par monde-antigone


La Roumanie mise sur le gaz de schiste malgré les controverses
AFP, Romandie news - 22 mar 2012
http://www.romandie.com/news/n/_La_Roumanie_mise_sur_le_gaz_de_schiste_malgre_les_controverses47220320120919.asp?


BUCAREST - Après la Pologne, la Roumanie table sur le gaz de schiste pour assurer son indépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, malgré la polémique sur les risques pour l'environnement et la santé. « Le gaz de schiste représente l'avenir », a déclaré à l'AFP le président de l'Agence roumaine pour les ressources minérales (ANMR), Alexandru Patruti.Si l'ANMR vient de lancer une étude pour évaluer les réserves potentielles, un rapport de l'Agence américaine d'Information sur l'énergie estime que les ressources de la Roumanie, la Bulgarie et la Hongrie totaliseraient 538 milliards de m3. Et Bucarest rêve déjà de renoncer aux coûteuses importations de gaz russe.

Plusieurs géants énergétiques sont à l'affût dont l'américain Chevron, le canadien Sterling Resources et le hongrois MOL. Chevron, qui a obtenu une concession sur 600.000 hectares dans la région de Barlad (est), veut y entamer l'exploration au second semestre 2012, s'il obtient les autorisations. « Le gaz de schiste représente une opportunité majeure pour la Roumanie », a déclaré à l'AFP le directeur pour ce pays de Chevron Upstream Europe, Thomas Holst, citant la sécurité énergétique, les investissements et les emplois. Chevron doit maintenant choisir le site pour les premiers forages exploratoires. Trois sont à l'étude mais M. Holst préfère ne pas les nommer pour ne pas soumettre les habitants à des pressions inutiles.

Car la méthode d'extraction, la fracturation hydraulique, est accusée par les défenseurs de l'environnement de polluer les nappes phréatiques, de fragiliser les sols voire de favoriser les tremblements de terre. Interdite par des pays comme la France et la Bulgarie, cette méthode consiste à injecter à haute pression dans la roche d'énormes quantités d'eau additionnées de sable et d'additifs chimiques. « La fracturation implique des risques majeurs dont la contamination de l'eau, en plus des difficultés à se débarrasser de substances toxiques », a déclaré à l'AFP Miruna Ralea de l'association écologiste Alma-Ro. « L'extraction n'est pas une activité respectueuse de l'environnement (...) mais nous allons nous assurer que les lois en la matière sont strictement respectées », souligne M. Patruti. Sauf que, si elle promet de s'aligner sur les règles de l'UE, la Roumanie ne dispose pas en ce moment de législation spécifique sur le gaz de schiste.

Chevron se dit déterminé à respecter les lois roumaines et européennes. « Les activités qui suscitent des polémiques n'interviendront que d'ici plusieurs années », indique M. Holst, selon qui Chevron utilisera des techniques conventionnelles pour déterminer si des réserves existent. Si c'est le cas, des dizaines de millions de dollars seront investis dans le développement et l'exploitation. Mais le maire de Barlad (69.000 habitants), Constantin Constantinescu, ne veut pas que le groupe américain creuse aux alentours de sa ville.« A mon avis, l'impact négatif de cette activité est plus important que la pseudo-prospérité promise », dit-il à l'AFP, reprochant à Chevron de ne pas avoir informé la communauté de ses projets. « Les gens craignent que la zone soit ravagée », ajoute-t-il.

Quelque 2.000 habitants sont attendus jeudi à une manifestation à l'appel du maire et de son parti social-démocrate (PSD, opposition). Des ONG ont appelé à des rassemblements dans d'autres villes. M. Holst assure que Chevron encourage le débat public. « Lorsque les faits seront connus, les citoyens seront d'accord que si des réserves importantes existent, les bénéfices seront beaucoup plus importants que les risques », dit-il. Mais pour Mme Ralea, sachant que plusieurs pays ont banni cette technique controversée, pourquoi la Roumanie s'empresse-t-elle de l'adopter ?


L'Europe de l'Est divisée sur le gaz de schiste
AFP, France24 - 22 mar 2012
http://www.france24.com/fr/20120322-leurope-lest-divisee-le-gaz-schiste


BUCAREST - Potentiellement riches en gaz de schiste, les pays d'Europe de l'Est sont divisés face à l'exploitation de cette source d'énergie non conventionnelle: du soutien total de la Pologne à l'interdiction par la Bulgarie de leur technique d'extraction controversée. (...)

Trois Polonais sur quatre se déclarent favorables aux projets d'exploration. Selon un rapport de l'Institut national de Géologie (PIG), ce pays dispose de gisements exploitables évalués à 1.920 milliards de m3 au maximum, estimation qui le place en troisième position parmi les pays européens riches en gaz, derrière la Norvège et les Pays-Bas. Varsovie a délivré une centaine de concessions d'exploration, y compris à des géants tels que Chevron, Exxon Mobil et ConocoPhillips.

En Roumanie, Chevron dispose de concessions dans deux régions. Le Canadien Sterling Resources et le Hongrois Mol sont aussi sur les rangs. En République tchèque, les sociétés britanniques Hutton Energy et Cuadrilla ont obtenu un aval pour des tests mais le ministre de l'Industrie, Martin Kuba, est sceptique quant à l'importance des gisements.

La Bulgarie a de son côté interdit en janvier la fracturation hydraulique et retiré à Chevron une première autorisation, évoquant l'insuffisance de données garantissant la protection de l'environnement. Des milliers de Bulgares avaient manifesté à travers le pays, exprimant leurs craintes de voir la terre et les eaux souterraines empoisonnées. Le géologue Mihai Saramet de l'Université roumaine de Iasi partage une partie de leurs inquiétudes, notamment sur le risque de provoquer des tremblements de terre par la fracturation mais estime que les risques pourraient être graduellement éliminés avec les progrès de la technologie.


EDIT (17 avr 2012)


Gaz de schiste en Roumanie: Un « oui » controversé
par Julia Beurq
Le Courrier des Balkans - 16 avr 2012
http://balkans.courriers.info/article19682.html


La Roumanie s’est découverte une nouvelle richesse naturelle: le gaz de schiste. Malgré un vide juridique et le risque de pollution, des licences ont été octroyées à la multinationale américaine Chevron. « Le pays doit s’extraire de sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie », a martelé le président Basescu au lendemain d’une rencontre entre le patron de Chevron Roumanie, le Premier ministre roumain et l’ambassadeur des États-Unis. L’américain Chevron s’est vu accorder par l’Agence nationale pour les ressources minérales (ANRM) trois périmètres en Dobrodgea (sud-est), ainsi qu’une concession de 600.000 hectares dans la région de Bârlad (nord-est), où la phase d’exploration devrait commencer dans les mois à venir.

Alors qu’en janvier, la Bulgarie a annulé la licence d’exploitation délivrée à Chevron, la Roumanie elle, soutient l’exploitation de ces gaz. Le 7 mars, le président Traian Basescu a demandé, sous prétexte de la dépendance énergétique de son pays vis-à-vis de la Russie, « que l’on étudie avec un maximum de responsabilité l’énergie provenant des gaz de schiste », tout en affirmant « que ces intérêts n’étaient en aucun cas politiques ». Le chef d’État a réitéré ses propos mercredi dernier lors de l’investiture du nouveau ministre de l’Environnement Attila Korodi.

La dépendance énergétique de la Roumanie est réelle: un quart du gaz qu’elle consomme provient de la Russie et, selon les experts, cette proportion n’est pas prête de s’inverser. Mais Miruna Ralea, directrice de l’ONG Alma-ro, doute du désintéressement politique du gouvernement face à cette précieuse ressource. Comme beaucoup, elle a fait le lien entre les propos de Basescu et la rencontre, la veille du discours, entre le dirigeant de Chevron Roumanie, le Premier ministre roumain et l’ambassadeur des États-Unis. Une preuve selon elle que « le lobbyisme corporatiste est réalisé par les politiciens eux-mêmes et que la limite entre le secteur politique et le business n’est pas très claire ».

Un vide juridique exploité par l’opposition - En Roumanie, comme dans beaucoup de pays européens, la législation en vigueur réglemente l’exploitation du pétrole ou du gaz conventionnel, mais pas celle des gaz de schiste, qui s’extrait à l’aide de la fracturation hydraulique. Une méthode décriée par de nombreux écologistes qui lui reprochent de provoquer une pollution du sous-sol et des nappes phréatiques, et de favoriser l’activité sismique — conséquences loin d’être exhaustives. La Commission européenne, toujours sans aucune directive sur ce type d’exploitation, publiera l’année prochaine un rapport sur les répercussions de cette technique sur l’environnement.

Mais certains politiciens de l’opposition ne veulent pas attendre les conclusions de l’Europe. Afin d’éviter un potentiel désastre écologique, ils ont pris exemple sur la France. Adrian Solomon, député du Parti socialiste démocrate (PSD) et originaire de Bârlad, a initié un projet de loi interdisant la fracturation hydraulique sur le territoire roumain et en Mer noire. Cette loi calquée sur la loi française est en ce moment débattue au Sénat, mais a peu de chance d’être votée à cause de la grève des parlementaires de l’opposition...

Pour Miruna Ralea, la directrice d’Alma-ro, « cette initiative est réalisée pour des motifs électoraux ». Elle explique que « 2012 est une année électorale pour les Roumains [Les élections municipales sont prévues pour le 10 juin, les législatives, elles, auront lieu en novembre, NDLR]. Comme le problème des gaz de schiste est exploité par les politiciens, on ne peut s’attendre à aucune garantie de leur part. De toute façon, et on l’a bien vu lors des protestations de janvier, la confiance de la population dans les autorités baisse chaque jour toujours plus ». Selon elle, « pour qu’une campagne contre les gaz de schiste soit efficace à long terme, il faut qu’elle soit apolitique et mise en œuvre par la société civile ».

Le réveil de la société civile - Le 22 mars — journée mondiale de l’eau — la commune de Bârlad a accueilli 5 000 manifestants venus des quatre coins du pays dénoncer l’exploitation des gaz de schiste. Pour Georgeta Ionescu, juriste, géologue et vice-présidente des Verts, ce fut « une surprise d’assister à une manifestation de cette ampleur pour un sujet l’environnemental ». Elle explique cette mobilisation par le secret entourant le contrat signé entre l’État et Chevron. « Ce manque de transparence a irrité l’opinion publique », dit-elle. La compagnie américaine s’est défendue en expliquant que c’était « la volonté du gouvernement roumain d’avoir voulu rendre le contrat secret ». Le Premier ministre a depuis envoyé une requête à Chevron afin que la transaction devienne publique.

Alors que le flou règne autour de l’attitude du gouvernement, les nombreuses organisations de défense de l’environnement misent, elles, sur les campagnes d’information. Miruna Ralea milite pour « une position soutenue et constante de la société civile en partenariat avec celle très active de la Bulgarie ». Dans les mois à venir, de nombreuses manifestations, dont une rencontre avec des ONG bulgares, sont prévues. Grâce à leur réactivité et leur activisme, celles-ci ont réussi à faire interdire, le 16 janvier, la fracturation hydraulique en Bulgarie et à annuler la licence d’exploitation détenue par cette même compagnie américaine.

Les militants bulgares continuent de se mobiliser, cette fois pour soutenir les Roumains dans un enjeu transfrontalier. En effet, les trois derniers périmètres acquis par Chevron se trouvent en Dobrodgea, à la limite de la Bulgarie. S’il s’avère que l’exploitation des gaz de schiste a lieu, les potentiels dégâts écologiques ne tiendront pas compte de la frontière, et l’interdiction bulgare aura été prononcée en vain. Du point de vue des militants roumains, une position claire et ferme du gouvernement bulgare vis-à-vis de la fracturation hydraulique en Roumanie serait la bienvenue et pourrait peut-être faire pencher la balance.