Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

Rubriques

>> Toutes les rubriques <<
· 37 - Lointains échos dictatures africain (399)
· 00 - Archivage des brèves (780)
· .[Ec1] Le capitalisme en soins intensifs (550)
· 40 - Planète / Sciences (386)
· 10 - M-O. Monde arabe (383)
· . Histoires et théories du passé (220)
· 20 - Japon, Fukushima (237)
· .[Ec2] Métaux, énergies, commerce (253)
· 24 - USA (304)
· 19 - Chine [+ Hong Kong, Taïwan] (320)

Statistiques

Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour : 06.12.2025
8661 articles


Rechercher

TotalEnergies à rebours des préconisations de l'AIE

Publié le 25/05/2024 à 00:11 par monde-antigone

 

TotalEnergies promet à ses actionnaires de "garder le cap"

AFP, Sciences & Avenir -24 mai 2024

https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/totalenergies-tient-son-assemblee-generale-des-100-ans-sous-tension_178633

 

Le PDG de TotalEnergies a invité vendredi ses actionnaires à valider sa stratégie, leur promettant de garder "le cap" lors de son assemblée générale annuelle qui a finalement eu lieu sans heurts, à distance de militants écologistes. (...) "Je vous confirme, nul besoin de le dire, mais si certains en doutent que nous garderons le cap de cette stratégie équilibrée", entre pétrole et gaz d'une part, et énergies bas carbone d'autres part, a déclaré le PDG, dont l'entreprise se targue d'être plus rentable, moins endettée, plus solide, et plus généreuse pour ses actionnaires.

"TotalEnergies démontre chaque jour qu'il est possible encore une fois, d'être une compagnie rentable, même la plus rentable, tout en se transformant" et "en investissant dans les énergies de demain" , a-t-il ajouté. Tout en rappelant qu'il était "nécessaire" de mettre en production "de nouveaux champs" pétroliers, à rebours des préconisations de l'Agence internationale dont le scénario de neutralité carbone en 2050 met au ban tout nouveau projet pétrogazier. (...)

[Les actionnaires de TotalEnergies ont voté à 75,73 % la reconduction de Pouyanné pour 3 ans de plus. La stratégie dite "climatique" de l'entreprise a aussi été approuvée à 79,72 %. Les actionnaires sont sortis par une porte dérobée; ndc]

 

TotalEnergies tient son assemblée générale des 100 ans sous tension

AFP, Sciences & Avenir - 24 mai 2024

https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/totalenergies-tient-son-assemblee-generale-des-100-ans-sous-tension_178633

 

Le groupe français TotalEnergies organise vendredi son assemblée générale annuelle sous la pression de militants écologistes manifestant à l'extérieur de sa tour et d'autres ayant tenté de s'introduire dans le siège d'un de ses principaux actionnaires à Paris. Dès 9h, 5 heures avant le début prévu de l'AG, des militants de Greenpeace ont déployé sur un bâtiment à quelques centaines de mètres du siège du groupe, une gigantesque banderole "Wanted", montrant le PDG Patrick Pouyanné que "la société civile recherche".

La police est présente en nombre dans le quartier d'affaires de la Défense où la 4e major mondiale du pétrole et plus grosse entreprise française par le chiffre d'affaires, centenaire cette année, tiendra sa grand-messe annuelle. Des grilles ont été installées devant l'entrée et de nombreux agents de sécurité postés - une sécurité extrême au point que deux actionnaires ont interpellé le PDG en séance à cause des délais pour entrer ou de la mise sous scellé des téléphones.

Mais les principales tensions ont été du côté d'une autre assemblée générale, à Paris, celle du gestionnaire d'actifs français Amundi, un des premiers actionnaires de TotalEnergies, où se sont finalement rassemblés plusieurs centaines de militants d'Extinction Rébellion, a constaté l'AFP. Parmi les chants scandés, celui de "Amundi complice". Plusieurs dizaines de personnes sont entrées par la force dans les locaux, avant d'en ressortir. Des dégradations ont été commises et des agents de sécurité blessés, a indiqué une source policière à l'AFP. TotalEnergies dit avoir choisi sa tour de 48 étages pour éviter "d'immobiliser un quartier de Paris" - comme lors d'une édition 2023 tumultueuse, émaillée d'échauffourées entre manifestants et policiers.

Un an plus tard, le groupe reste sous le feu des critiques, les défenseurs du climat lui reprochant d'aggraver le réchauffement climatique et de nuire à la biodiversité et aux droits humains, du fait de ses activités dans le gaz et le pétrole. "On dénonce la stratégie d'expansion de TotalEnergies, qui est toujours orientée vers le développement des fossiles, malgré un discours verdi", a expliqué à l'AFP Edina Ifticene, de Greenpeace. Les militants de multiples organisations, dont Extinction Rébellion, exigent "l'abandon" des projets phare en Ouganda/Tanzanie, au Mozambique et en Papouasie-Nouvelle-Guinée et, préconisation de l'AIE, "l'arrêt de tout investissement dans de nouveaux projets fossiles". [Plusieurs dizaines de personnes sont entrées en force dans les locaux, avant d'en ressortir. De nombreux militants ont été interpellés; ndc]

Face au "risque" de troubles à l'ordre public, le préfet de police de Paris a pris un arrêté d'interdiction des manifestations non déclarées autour de la Tour Coupole. A l'ordre du jour, les actionnaires seront appelés à voter sur la stratégie de TotalEnergies concernant le climat, certains investisseurs réclamant aussi une transition énergétique plus ambitieuse.

L'an dernier, chez TotalEnergies une résolution purement consultative émanant d'actionnaires militants avait recueilli 30,4 % des votes. Elle demandait à l'entreprise d'aligner ses objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre sur l'accord de Paris de 2015, pour limiter le réchauffement planétaire à + 1,5°C par rapport à l'ère pré-industrielle (le monde en étant déjà à environ 1,2°C). Cette fois, aucune résolution consultative ne s'annonce.

Une coalition d'actionnaires revendiquant 0,9 % du capital a réclamé en vain, jusque devant la justice, une résolution non contraignante visant "à mettre fin au cumul des fonctions de président et directeur général" occupées par Patrick Pouyanné, pour le maintenir au seul poste de directeur général. Un choix impensable pour le conseil d'administration, attaché à la "stabilité stratégique" de la compagnie qui a engrangé 21,4 milliards de dollars de bénéfices en 2023, après 20,5 milliards en 2022, et proposera aux actionnaires de reconduire le PDG pour un 4e mandat.

Le bouillant dirigeant aux manettes depuis 10 ans présidera cette assemblée sur fond de polémique après ses déclarations sur une éventuelle délocalisation de la cotation principale du groupe de Paris à la Bourse de New York, déclenchant les foudres de la classe politique, de Bruno Le Maire à Emmanuel Macron, avant d'évoquer jeudi dans Le Figaro une "erreur de traduction", assurant qu'il parlait pas d'une cotation principale à Wall Street. M. Pouyanné met en avant le fait que les Américains achètent plus d'actions que les Européens, contraints par des règles d'investissement durable.

 

TotalEnergies: La tentation de Wall Street

par Mathieu Viviani

La Tribune - 30 avr 2024

https://www.latribune.fr/climat/energie-environnement/totalenergies-la-tentation-de-wall-street-996540.html

 

C’est le sujet qui a animé la place financière européenne en fin de semaine dernière. (...) La présentation des résultats du 3e trimestre de TotalEnergies aura fait plus de bruit que d'habitude. La raison ? Une interview vendredi de son PDG, Patrick Pouyanné, à l'agence de presse économique Bloomberg, dans laquelle il confie réfléchir à une cotation principale à la Bourse de New York, tout en gardant un pied à celle de Paris. (...) Si la décision n'est pas encore actée, le sujet sera mis sur la table en septembre prochain, lors d'un conseil d'administration. Pour quelles raisons le PDG du géant français de l'énergie envisage une cotation principale outre-Atlantique ? Quels seraient les avantages et les limites d'un tel transfert ?

Les actionnaires américains: bientôt majoritaires au capital ? C'est la première raison invoquée par le patron de la major française. « Nous sommes confrontés à une situation où les actionnaires européens vendent ou maintiennent leur participation, et où les actionnaires américains achètent », a ainsi expliqué Patrick Pouyanné (...). Entre 2012 et 2023, la part de l'actionnariat institutionnel nord-américain chez TotalEnergies est passée de 33 % à 48 % (dont 47 % pour les Etats-Unis). En comparaison, la part d'actionnaires européens (hors Royaume-Uni) est passée de 45 % à 34 % sur la même période. Coter TotalEnergies principalement à la Bourse de New York avantagerait donc les actionnaires américains, qui, aujourd'hui, sont contraints de négocier le titre de la major via le système ADR ("American Depositaty Receipt", ndlr), une sorte de titre représentatif de l'action. (...)

L'autre raison: les normes environnementales européennes. Dans son interview, le dirigeant a aussi déploré la frilosité de l'Europe vis-à-vis de sa stratégie globale qui repose sur deux pieds: continuer à investir dans les énergies fossiles (...) et financer dans le même temps, sa transition vers les énergies bas carbone. A ce jour, par rapport à ses concurrentes (ExxonMobil, Shell, Chevron etc), la major fait partie de celle qui investit le plus dans ce segment, avec environ 5 milliards de dollars de dépenses par année. Mais selon de nombreux experts scientifiques et ONG environnementales, cette stratégie bicéphale n'est pas suffisante pour faire baisser la facture carbone du géant de l'énergie. Ce, à quoi répond son PDG que c'est la seule viable économiquement. (...) Derrière cette complainte, le patron de l'énergéticien critique en filigrane la montée en puissance des réglementations environnementales auxquelles les grandes entreprises sont de plus en plus assujetties en Europe. Notamment la taxonomie verte, mise en place par l'UE, qui classe les activités économiques les plus vertueuses en matière environnementale, et par voie de conséquence, pointe celles qui le sont moins. S'ajoute la montée en puissance des nouveaux critères comptables prenant en considération ces aspects. Notamment les critères ESG ("Environnement, Social et Gouvernance") dédiés aux actifs financiers, lesquels pénalisent TotalEnergies en raison de son activité largement dédiée aux énergies fossiles. (...)

Un transfert de la cotation à Wall Street aiderait la major tricolore à se rapprocher d'une valorisation proche de ses concurrentes. En effet, celle de TotalEnergies aujourd'hui est 40 % inférieure à celle de l'américaine Exxon. De plus, TotalEnergies pourrait intégrer des indices pétroliers américains. Ce faisant, le groupe entrerait dans les portefeuilles de certaines sociétés de gestion indicielle du pays, connues pour leurs performances. Autre avantage potentiel pour le groupe: une plus grande facilité d'investissements dans le gaz naturel liquéfié (GNL), matière première dont les Etats-Unis sont parmi les plus gros producteurs et exportateurs dans le monde. (...)

Une double-cotation n'est pas sans risque financier pour des grands groupes. « Mais en règle générale, la double-cotation ne dure pas longtemps, environ 10 à 15 ans car, encore une fois, le coût n'est pas négligeable », ajoute Christopher Dembik. conseiller financier de Pictet AM. En effet, se coter aux Etats-Unis implique de se conformer à la loi dite "Sarbanes-Oxley" dont la mise aux normes est connue pour être onéreuse. Autre risque à ne pas négliger pour la major pétrolière: aux Etats-Unis, les procès judiciaires en "class actions" sont plus fréquents qu'en Europe et sont suivis de conséquences financières réelles. (...) « A ma connaissance, aucun grand groupe du CAC40 n'a déplacé sa cote principale dans un pays étranger. Ce serait donc inédit si la société va au bout de sa démarche », précise par ailleurs Christopher Dembik.

 

Plus de 300 scientifiques dénoncent dans une tribune une stratégie "climaticide" de TotalEnergies

AFP, Sciences & Avenir – 24 mai 2024

https://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/plus-de-300-scientifiques-denoncent-dans-une-tribune-une-strategie-climaticide-de-totalenergies_178628

 

 Plus de 300 scientifiques, dont des experts de l'ONU, qualifient de "climaticide" la stratégie de TotalEnergies, dans une tribune publiée dans Le Monde, alors que la 4e major mondiale du pétrole tient son assemblée générale vendredi. "Pour justifier ses investissements" dans le pétrole et le gaz, en "contradiction" avec l'objectif de l'accord de Paris sur le climat, "la tactique de TotalEnergies est maintenant bien rodée et articulée autour de six points", soulignent les signataires, parmi lesquels plusieurs co-auteurs de rapports du GIEC.

Il s'agit d'abord pour l'entreprise centenaire de "verdir à peu de frais l'image de la marque", en changeant de nom et en mettant "systématiquement en avant dans sa communication publique les énergies renouvelables, alors même que celles-ci ne représentent que 2 % de la production du groupe en 2023", accusent les scientifiques. Ils reprochent également à TotalEnergies de "distordre les faits scientifiques pour rendre sa politique de développement faussement compatible avec les objectifs climatiques", de "dénigrer les scientifiques", mais aussi d'"entretenir" l'argument de "la dépendance de nos sociétés aux énergies fossiles". [Pouyanné n'a de cesse de répéter que TotalEnergies est "le groupe pétrolier le plus impliqué dans la transition énergétique"...; ndc]

En mettant en outre "en avant le gaz comme une énergie propre ou de transition, en mettant sous le tapis le fait que les installations de gaz naturel ne réduisent que faiblement les émissions par rapport au charbon", ou en faisant "du chantage à l'emploi", TotalEnergies poursuit sa "trajectoire climaticide si rentable", "le pied sur l'accélérateur", fustigent les auteurs de la tribune. "La puissance publique semble n'avoir aucun moyen d'action et se contente de faire le constat et de regretter les décisions de TotalEnergies", blâment-ils.

Mais "il faut se rendre à l'évidence: alors que ses bénéfices atteignent des niveaux record (21 milliards de dollars en 2023), TotalEnergies ne réduira pas sa production d'énergies fossiles parce qu'on le lui demande poliment", critiquent les scientifiques. Outre la "nationalisation" de l'entreprise ou la "taxation des superprofits", la tribune propose "d'introduire dans la loi la notion de faillite écologique, qui permettrait à la puissance publique d'envisager un redressement judiciaire d'une entreprise dont les impacts environnementaux vont à l'encontre des accords internationaux eu égard à sa stratégie climatique".