Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
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trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.
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Date de création : 10.03.2011
Dernière mise à jour :
09.12.2025
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Article intéressant parce qu'il revèle que les routes d'exode ne passent pas seulement par la Méditerranée en direction de l'Europe, mais qu'il y a aussi un goulot d'étranglement en Amérique centrale et une frontière fermée entre le Nicaragua et le Costa Rica.
L'auteure, cependant, parle de "crise des réfugiés", de "crise migratoire", des termes que je n'utilise pas car ce ne sont pas les migrants qui créent les situations de "crise", mais les murs, et les législations que les gouvernements dressent sur leur route pour instiller le sentiment de peur dans leur population et s'en servir d'argument électoral ou pour se maintenir au pouvoir. Les flux migratoires, eux, sont aussi anciens que l'humanité. Ils se sont accélérés ces dernières années à cause de la crise économique mondiale et des guerres.
Costa Rica: la face cachée de la crise des réfugiés (1&2)
par Justine Rodier, étudiante en master à la Sorbonne
Le Journal international - 07 nov 2016
http://www.lejournalinternational.info/costa-rica-face-cachee-de-crise-refugies-13/
http://www.lejournalinternational.info/costa-rica-face-cachee-de-crise-refugies-23/
Depuis des mois au Costa Rica, des milliers de migrants et réfugiés s’amassent à la frontière du Nicaragua, qui refuse d’ouvrir ses portes. Bien loin de l’Union européenne, c’est une autre crise internationale des réfugiés qui a lieu.
À la mi novembre 2015, soit il y a presque un an, le Nicaragua fermait ses frontières avec le Costa Rica. Cela coupait ainsi aux migrants et réfugiés la route vers les États-Unis. Dès lors, nombreux sont ceux qui se retrouvent bloqués face aux militaires nicaraguayens à Penas Blancas, frontière nord du Costa Rica. Le ministre des Affaires extérieures et du Culte costaricien, Manuel Gonzalez Sanz, a dénoncé cette mesure prise par le Nicaragua. Il a exprimé son souhait de préserver de bonnes relations entre les deux pays malgré cela. La situation n’est pourtant a priori pas sur le point de s’arranger.
Réputé pour son faible taux de violence, de crime et de drogue, le Costa Rica est l’un des pays les plus prospères d’Amérique centrale, voire d’Amérique latine. Attaché au respect des droits de l’hommes, le pays présente aussi d’excellents résultats en matière de politique environnementale. Il dispose de taux exemplaires en matière d’éducation, d’emploi ou de bien être des habitants. De bons chiffres qui ne sont pas sans séduire ceux qui cherchent à fuir leur pays d’origine.
Selon l’expression du journal The Conversation, le Costa Rica reste un « hub de transit » pour les africains, haïtiens et cubains. Ceux-ci cherchent en majorité à rejoindre les États-Unis. Mais un nombre grandissant de migrants souhaite s’établir dans ce petit pays d’Amérique centrale. C’est notamment le cas des ressortissants du « triangle du Nord de l’Amérique centrale » [ndlr: Salvador, Guatemala et Honduras], qui fuient corruption, trafics illicites et criminalité. Les africains, abandonnant progressivement l’idée de se rendre en Europe, sont également plus nombreux à y trouver refuge. Si certains sont donc de passage, d’autres souhaitent s’installer dans le pays. Cela entraîne un double défi, avec deux types de prise en charge pour le Costa Rica.
« La violence continue d’être un challenge pour l’Amérique centrale » déclarait cet été le président costaricien Luis Guillermo Solis. « [La situation actuelle] est une crise humanitaire que le Costa Rica n’a jamais connue avant ». C’est en effet de crise dont il faut parler. Dans de nombreux camps délabrés, les migrants doivent faire face à des conditions sanitaires terribles. Certains y sont depuis déjà plusieurs mois. Le gouvernement costaricien a affirmé à plusieurs reprises être très préoccupé par l’état d’hygiène et de santé de ces camps.
Le Costa Rica a accueilli en septembre 11.000 réfugiés, haïtiens et africains notamment. Depuis, de nouvelles auberges fournissant accès à l’eau potable et à l’électricité, douches et salles communes ont été construites. Des tentes de camping ont également été offertes par les États-Unis comme solution provisoire. « Nous allons donner priorité aux migrants qui vivent actuellement sur les bords de l’autoroute Interamericana, qui mène a Penas Blancas [ndlr: la frontière avec le Nicaragua], et qui sont ceux qui génèrent des tensions avec nos voisins », révélait le ministre costaricien de la Communication, Mauricio Herrera, le 27 septembre dernier. Les familles avec enfants mineurs seront également prioritaires pour le placement dans ces auberges.
Durant le mois de septembre, environ 100 migrants haïtiens ou africains sont arrivés chaque jour au Costa Rica. Le gouvernement costaricien et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) ont également déclaré qu’ils prendraient des dispositions pour les migrants qui voudraient retourner dans leur pays d’origine de manière volontaire.
Le Costa Rica essaie de collaborer avec les autres pays d’Amérique centrale et le Mexique. Le pays envisage ainsi un acheminement des migrants vers les États-Unis. La coopération est notamment renforcée avec le Salvador. Des vols sont organisés pour que les migrants arrivent par voie aérienne au Salvador, en survolant donc le Nicaragua. Le Costa Rica est habitué à être traversé par les migrants. La situation migratoire actuelle se distingue par deux particularités: l’affluence de nouveaux profils et une forte intensification des flux cubains.
La crise costaricienne, bien que géographiquement éloignée de l’Union européenne, est fortement liée l’arrivée massive de réfugiés sur le vieux continent. L’Amérique latine et surtout centrale connait de plus en plus de nouveaux profils de migrants: les « extra-continentaux ». Ils viennent entre autres d’Asie, mais surtout d’Afrique. Ces arrivées africaines s’expliquent notamment par la signature, en mars 2016, de l’accord entre l’Union européenne et la Turquie. Celui-ci visait à diminuer le nombre de migrants qui entrent en Europe. Ces « extra-continentaux » savent donc qu’il est aujourd’hui plus compliqué de rejoindre l’Union européenne, car les lois se durcissent. Ils tentent de quitter leur pays, voire leur continent, pour des pays d’Amérique latine et centrale ou encore les États-Unis.
Selon l’OIM, la plupart des migrants viennent de la République Démocratique du Congo, de Somalie, d’Érythrée ou encore d’Éthiopie. Toujours d’après l’OIM, 20.000 migrants africains sont arrivés au Costa Rica cet été. La plupart viennent par bateau au Brésil ou en Colombie, puis remontent en Amérique centrale. Ils n’ont pas forcément pour objectif de continuer jusqu’aux États-Unis. De plus en plus cherchent à s’installer en Amérique centrale et particulièrement au Costa Rica. Pour le Président Luis Guillermo Solis, leur établissement dans le pays représente de nouveaux défis linguistiques et culturels. Mais il a fortement insisté sur le fait qu’il ne veut pas « criminaliser » la migration et qu’il salue le « mélange » des costariciens et des migrants.
Parmi ces migrants et réfugiés, un certain nombre d’entre eux viennent de Cuba. Beaucoup souhaitent remonter jusqu’aux États-Unis. Depuis longtemps le Costa Rica se voit traversé par des migrants cubains. Mais au printemps 2014, ce flux s’est fortement intensifié. En avril 2014, l’Équateur a changé sa législation. Il attribue maintenant aux ressortissants de l’île un visa de 3 mois sans avoir à présenter une carte d’invitation, comme ils devaient le faire auparavant. Cette mesure a donc stimulé l’arrivée de cubains en Équateur. Ils traversent ensuite par la Colombie, d’où ils prennent un bateau pour le Panama, avant de passer par le Costa Rica pour remontrer jusqu’aux États-Unis.
Depuis des décennies les cubains quittent leur pays pour fuir le régime des frères Castro. Mais pourquoi aux États-Unis ? Parce que la loi d’ajustement de 1966 y est toujours en vigueur. Certains observateurs la considèrent comme une loi de propagande américaine instaurée au vu des tensions avec l’île cubaine. Elle autorise aux ressortissants cubains de rester aux États-Unis une fois qu’ils y ont mis un pied. Après un an dans le pays, elle offre la possibilité aux cubains de demander un permis de résidence permanente. Cette loi favorise fortement l’immigration irrégulière et illégale. Aujourd’hui, les cubains craignent qu’elle soit abolie, suite au rapprochement diplomatique entre Barack Obama et Raul Castro de la fin 2014. Les États-Unis n’ont pour l’instant pas fait de commentaire sur une quelconque abolition de cette loi.
Le 22 août dernier, le Président costaricien a demandé, via une carte pour Washington, que la loi d’ajustement soit revue et modifiée. Le but d’une telle révision serait de ralentir et de contenir les flux incessants des îles caribéennes vers l’Amérique centrale. D’autres pays se sont unis à la réclamation de Luis Guillermo Solis. L’Équateur, la Colombie, le Panama, le Nicaragua, le Guatemala en font notamment partie.
El Pais, a récemment fait remarquer qu’il pourrait y avoir un lien entre l’intensification des flux cubains et la fermeture des frontières au Nicaragua. Le quotidien explique que les deux frères Castro ont une certaine affinité avec Daniel Ortega, Président du Nicaragua depuis bientôt 10 ans. S’ajoute à cela leur volonté que les cubains restent sur l’île. Des informations non négligeables qui ouvre la voie à des soupçons quant au rôle du gouvernement cubain dans la fermeture des frontières nicaraguayennes. Plus largement, il pourrait donc aussi être responsable dans la crise internationale des réfugiés au Costa Rica.