Le Monde d'Antigone

Ni rouge, ni noir, ni vert. L'autonomie rejette partis,
syndicats et toute forme de gestion et de pouvoir.
Rassembler des foules sous un même drapeau
trouve toujours son origine dans une imposture.
Seule une révolution mettra fin à un système
dont l'obsession de l'argent entraine l'humanité
vers la catastrophe.

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Compilation des bulletins de santé, printemps 2014

Publié le 29/06/2014 à 20:00 par monde-antigone

 
29 juin 2014 - Que valent donc les statistiques ? Elles sont tellement maquillées, manipulées que l'administration américaine, elle-même, est incapable de s'y retrouver, de dire avec certitude à la fin du mois de juin quel a été le chiffre de la croissance pour le 1er trimestre, et de fournir une explication crédible.
Au départ, ils avaient avancé + 0,1 %, un chiffre déjà en retrait par rapport à des estimations plutôt optimistes. Ce chiffre a subi quelques semaines plus tard une sévère correction à - 1 %. Cette chute avait été mise sur le compte du froid qui, disait-on, ne pouvait pas faire perdre plus 1,5 point de PIB. Cela constituait déjà un sacré coup d'arrêt. Généralement personne ne prête trop attention à la 3e estimation, celle qui est définitive et qui ne présente qu'un petit ajustement de 0,1 %, au maximum 0,2 % par rapport à la précédente... Or le chiffre communiqué mercredi par le Département du Commerce est hallucinant: - 2,9 % !!! Ce chiffre a été calculé en rythme annualisé, en données corrigées des variations saisonnières. Les analystes les plus pessimistes tablaient sur un recul de 1,8 %. En somme, c'est le pire trimestre depuis le début de la crise financière. Par rapport aux statistiques du 4e trimestre 2013 (+ 2,6 %), le contraste est saisissant. Une telle différence d'un trimestre sur l'autre n'avait pas été enregistrée depuis 1976. Et naturellement ils n'ont toujours pas d'autre explication à suggérer que le froid !
Comment est-il possible que la courbe officielle du chômage baisse et tende vers le plein emploi alors que dans le même temps la croissance s'effondre ? Certains analystes un peu moins cons que les autres estiment que si l'on déduisait de la croissance nominale les prix à la consommation (alimentation, transports, logement), tels qu'ils étaient calculés dans les années 90, et qui seraient en nette hausse, on obtiendrait une croissance réelle autour de... - 5 % !
Mais on nous explique aujourd'hui que les chiffres du 1er trimestre, tout ça, c'est normal. Il faut les oublier parce que l'économie américaine est repartie de l'avant, que les ventes de maisons neuves (à de bienheureux millionnaires) connaissent un plus haut de 6 ans et que le moral des ménages n'a jamais été aussi élevé depuis 2008... malgré la hausse des prix réels et les pressions sur les salaires. Comprenne qui pourra ! Les économistes shootés aux pilules euphorisantes tablent sur un rebond de plus de 3 % de la croissance au 2e trimestre... Mais heu... - 3 + 3, ça fait dans le meilleur des cas des estimations optimisées 0 %, non ? Et ils osent dire qu'il n'y a pas de récession aux USA parce que, TECHNIQUEMENT, il n'y a pas eu, et il n'y aura pas nous assure-t-on, 2 trimestres consécutifs de contraction du PIB ? C'est du bidonnage, c'est n'importe quoi !

22 juin 2014 - Encore une fois, Yellen a traduit la diversité des opinions au sein du Comité politique monétaire de la Fed (FOMC), disant une chose et son contraire, et cela a satisfait tout le monde. En réduisant son QE de 10 milliards de dollars à partir du 1er juillet (de 45 à 35 milliards puisqu'il n' y a pas eu de réduction ce mois-ci), elle a rassuré ceux qui aiment croire que l'économie repart. Mais elle a aussitôt répondu aux craintes d'une remontée trop rapide des taux qui rendrait les investissements plus chers sur les marchés financiers. Chacun s'attend à ce que le taux directeur soit maintenu à son niveau actuel, proche de zéro au moins jusqu'à la mi-2015. Pour le reste, Yellen a entretenu le flou en déclarant qu'il n'y avait pas de trajectoire "déterminée à l'avance" et que sa politique dépendrait de l'évolution de la conjoncture. A ce sujet, la Fed a révisé sa prévision de la croissance américaine en 2014, entre 2,1 % et 2,3 % au lieu de 2,8 % à 3,0 % envisagée précédemment. Une mauvaise nouvelle synonyme de politique monétaire "très accommodante" que le marché a accueillie dans l'euphorie. Les indices ont battu en fin de semaine de nouveaux records.
Le dollar de son côté s'est légèrement infléchi. Aucune conclusion à en tirer, c'est le résultat de mouvements divergents. En effet la course au rendement attire en Europe des flux de capitaux qui ont tendance à faire monter l'euro et gonfler la bulle obligataire, alors qu'en parallèle, la réduction progressive du QE provoque l'effet inverse. L'or profite du repli du billet vert en franchissant la barre de 1300 $. L'autre élément notable, c'est l'avancée de l'EIIL en Irak et les combats autour de la principale raffinerie du pays. Il n'en fallait pas tant pour faire monter le Brent à 115 $. C'est son niveau le plus élevé depuis septembre 2013 et la crise des gaz chimiques en Syrie.

15 juin 2014 - La semaine a été marquée par le bond de 5 $ des cours du pétrole en réaction à l'offensive de l'EIIL en Irak, 2e pays de l'OPEP. Tout laisse à penser qu'il ne s'agit pas d'une crise passagère et que le pays va s'enfoncer dans la guerre communautaire. Et même si les principales infrastructures de production et d'exportation ne sont pas dans les zones de conflit, ce renchérissement du prix du pétrole aura des répercussions sur les marchés financiers et sur les économies les plus fragiles. La hausse du dollar en est le premier effet visible.
Au moment où Mossoul tombait aux mains des jihadistes, Christine Lagarde nous régalait de quelques uns de ses propos surréalistes. Selon elle, l'économie mondiale "tourne la page de la Grande Récession". Il y a deux ans, elle avait déjà dit que la crise était derrière nous. Elle attend au cours des prochains trimestres aux Etats-Unis un "rebond significatif", une croissance qui "excède son potentiel, tirée par la demande intérieure". Quelle demande intérieure ? celle des millionnaires ? Avec un indice Baltic, anticipateur de l'activité économique mondiale, qui s'affaisse sous les 1000 points, je ne vois pas d'où pourrait venir cette croissance. La seule visible est celle des indices qui flambent (le DAX a franchi lundi les 10.000 pts) et des bulles qui gonflent. En début de semaine, les taux à 10 ans espagnols sont descendus de 5 points de base sous les taux américains ! Incroyable ! Un pays noté "BBB" dont on a appris mercredi que la dette publique a atteint un nouveau record historique à 96,8 % du PIB et atteindra les 100 % à la fin de l'année, était jugé plus rassurant qu'un pays "AA+" !
J'ai noté aussi une très légère hausse du 10 ans français quand les autres taux de la zone euro baissaient. Ce pas en avant quand les autres faisaient un pas en arrière, pourrait préfigurer une défaillance plus importante.

8 juin 2014 - Draghi a parlé... et rien n'a changé. Le verbe n'a rien résolu. Je trouve symptomatique que la mesure la plus commentée dans la presse ne soit pas le LTRO de 400 milliards sur 4 ans vaguement conditionné à des aides aux entreprises, mais le passage du taux de dépôt en territoire négatif. Désormais les banques qui disposent d'un excédent de trésorerie, qui se montrent "réticentes" à financer l'économie réelle et qui ne veulent pas prêter aux concurrentes, paieront pour placer leurs surplus dans les coffres de la BCE. La BCE croit les contraindre ? Il n'en sera rien. Plutôt que de payer 0,1 %, elles vont rechercher des placements plus intéressants et plus risqués, notamment dans l'immobilier où les taux bas font flamber les prix, ou du côté des dettes des Etats périphériques qui leur promettent des rendements de 3 %. Elles n'ont pas attendu Draghi pour se jeter sur les titres obligataires italiens, espagnols, portugais dont les taux ont chuté ces derniers mois, provoquant une énorme bulle.
Draghi cherche à faire croire que le problème viendrait de l'offre de crédit. Alors il ouvre grand les vannes, met à disposition des prêts illimités. Il ne peut pas faire plus: l'argent est gratuit, les leviers au taquet. Il espère le miracle, le retour d'un peu d'inflation, de 1 à 1,5 % pour 2015, 2016... mais avec quelle croissance ? Elle est à zéro, tout comme la demande de crédit. Or pas d'emprunt, pas d'investissement, et sans investissement, pas de croissance. La dépression déflationniste s'installe durablement, l'économie se meurt alors que les liquidités abondent.
Sur les marchés, on ne spécule même plus, on achète les yeux fermés. Wall Street a battu de nouveaux records. Le Dow Jones, à 16.924, fonce vers les 17.000 points, tandis que le S&P500, à 1949, voit s'approcher la barre des 2000 points. Les indices sont hors de contrôle. C'est de la pure folie mais qui s'en préoccupe ? Vendredi, le Département américain du Travail a sorti une statistique qui fait croire que l'économie américaine a recréé la totalité des emplois perdus pendant la récession (8,7 millions) ! Et le pire, c'est que tous les acteurs de marché le croient !... Evidemment, en lisant certaines revues, des voix discordantes lancent des appels à la raison, des avertissements au sujet des flux d'investissement, de la multiplication des bulles et des déséquilibres qui en résultent à l'image d'une société de plus en plus inégalitaire. Mais la machine est emballée. Plus rien ne pourra l'arrêter. Plus rien, sauf l'impact. Boum !

1er juin 2014 - Rien de nouveau. Tout est pire. On a appris (par exemple) que le PIB des USA pour le 1er trimestre ne s'était pas contracté à + 0,1 % comme le département américain du Commerce l'avait annoncé début mai, mais de... - 1 % ! Une petite erreur de calcul ! C'est la première fois depuis le 1er trimestre 2011 que l'économie américaine recule, et surtout à ce point. Les économistes ne se démontent pas. Ils ont une explication toute trouvée: la vague de froid polaire qui a sévi sur le nord du pays au mois de janvier. Pourtant ce n'est pas la première fois qu'il fait très froid en hiver à Chicago ou dans le Minnesota et, les autres années, la croissance n'avait pas été autant affectée. Ils ont aussi des explications techniques: la chute des dépenses d'investissement et des exportations, le fait que les industriels auraient puisé dans leurs stocks au lieu de produire des biens correspondant à la demande, des phénomènes temporaires selon eux, consécutifs au froid. Ils ne commenteront pas le recul persistant des dépenses des collectivités locales, véritable thermomètre de l'activité économique du pays. Cela ne saurait atteindre leur bel optimisme. Ils s'attendent à un fort rebond de + 3 % pour le 2e trimestre ! Yellen l'a prévu, Yellen le fera...
Bien entendu, ces mauvaises nouvelles n'ont eu AUCUN impact sur Wall Street, au contraire. L'indice large, le S&P500, a battu plusieurs records pour terminer la semaine à 1923 pts. Les mauvais chiffres, les statistiques décevantes s'accumulent, mais on a l'impression rien ne peut freiner l'envolée des indices.
En Europe, le monde financier attend l'apparition de Mario Draghi à Francfort, jeudi prochain. Investisseurs, économistes, grands patrons, tous attendent cet événement depuis des semaines. Ils ne se contenteront pas de belles paroles et d'une petite baisse des taux. Non, ils espèrent des mesures fortes. Ils veulent que la planche à billet tourne et crache des milliards d'euros. Alors, si vous n'avez rien à faire jeudi vers 14h, "amusez"-vous à observer au même moment la cotation de l'euro par rapport au dollar. Vous verrez, c'est assez spectaculaire. J'avais regardé une fois un discours d'Obama sur CNBC avec l'évolution du Dow Jones en surimpression qui était passée du vert au rouge. Si les investisseurs ne sont pas contents, ils feront remonter l'euro de 1,36 $... à 1,37..., 1,38..., 1,39. Au-delà de 1,40 $, on pourra dire qu'ils seront très, très, très en colère.

25 mai 2014 - C'est le désert des Tartares. Il ne s'est rien passé cette semaine. Les volumes d'échange sont faibles. De temps en temps, quelques acteurs de marché tentent de prendre leur bénéfice et esquissent un mouvement de vente mais il n'est pas suivi et tout est racheté en fin de séance. Tous attendent de connaître la teneur des décisions qui seront annoncées par la BCE début juin. Cette attente favorise l'anticipation plutôt qu'une spéculation agressive. Dans l'ensemble, les tendances sont inchangées depuis la semaine dernière, et la semaine qui vient ne devrait pas être différente de celle-ci.
L'euro descend, se rapproche de 1,36 $. Le dollar index monte et décolle au-dessus des 80 pts. Cette évolution trouve son prolongement dans une petite remontée des taux, la première depuis la seconde quinzaine de mars. Les matières premières sont toujours aussi chères bien que l'indice Baltic continue d'osciller autour de la ligne des 1000 pts. Les perspectives de croissance pour la fin de l'année dans les pays émergents commencent à être révisées à la baisse.

18 mai 2014 - Les statistiques médiocres de croissance en zone euro pour le 1er trimestre ont un peu douché les esprits jeudi, provoquant une certaine aversion au risque favorable aux valeurs refuge. Les taux d'emprunt des pays centraux (ou "corps") ont baissé d'une dizaine de points, approchant, pour l'Allemagne et la France, leurs plus bas historiques de l'an passé, alors que les taux des Etats périphériques remontaient, surtout l'Italie, faisant passer l'euro sous la barre de 1,37 $ et le dollar index au-dessus des 80 points.
Les supputations vont bon train sur les mesures que prendrait la BCE lors de sa prochaine réunion monétaire du mois de juin (le 5 je crois): un nouveau programme de prêts à plus long terme (LTRO) ? un programme d'achats obligataires illimités (OMT) ? ou une baisse des taux directeurs qui ferait passer le taux de dépôt en négatif ? Aucune de ces options ne s'impose aux autres parce qu'aucune n'est efficace et n'aura le moindre effet. En attendant une décision qui ne changera rien sur l'essentiel, c'est l'attentisme... Tic-tac-tic-tac... Le 1er juin, la Fed réduira la dose de morphine à 35 milliards de dollars. Attention aux spasmes !

11 mai 2014 - Les marchés attendaient jeudi l'intervention de Mario Draghi. Ils lui avaient mis la pression, juste avant la conférence de presse, en faisant monter l'euro à la limite du seuil de 1,40 $. Finalement Draghi a rassuré tout le monde en déclarant que la BCE était "prête" à agir dès le mois prochain. Unanime, le Conseil des gouverneurs s'est dit résolu à utiliser « tous les instruments non conventionnels rentrant dans le champ de son mandat pour faire face efficacement aux risques d'une période trop prolongée de basse inflation ». Aussitôt, l'euro s'est mis à baisser, le dollar à monter, les bourses également (l'odeur de l'argent frais sorti d'une planche à billet les rend euphoriques) et la spéculation s'est dissipée avec un resserrement à 7 $ entre les deux références pétrolières.
L'autre événement de la semaine (mais c'est la continuation du mouvement des semaines précédentes), c'est le grossissement de la bulle obligataire. Après l'Espagne, c'est au tour de l'Italie de voir ses taux à 10 ans passer sous la barre des 3 %. Toutefois si l'euro continuait à baisser ces prochains jours, en anticipation des annonces de la BCE du mois de juin, les taux des pays de la zone euro pourraient remonter. Attention aussi à une remontée du dollar qui ne ferait pas l'affaire des économies émergentes. Son spectaculaire rebond depuis mercredi est suivi avec inquiétude en Russie, en Turquie, en Afrique du sud, en Indonésie...
J'en ai oublié l'environnement catastrophique global. Le montant des fusions- acquisitions sur les 4 premiers mois de l'année s'élevait à 1.000 milliards de dollars, celles qui défraient l'actualité et qui sont en cours de négociations (Alstom, Alcatel pour ne parler que des françaises) n'étant pas prises en compte. C'est du jamais vu depuis 2007, et c'est en général prémonitoire d'un séisme de grande ampleur. Les conditions sont réunies: des bulles un peu partout prêtes à éclater (La BoE a alerté il y a quelques jours sur les risques de la bulle immobilière à Londres), des marchés au zénith alors que l'activité économique est à l'arrêt, des chiffres d'affaires d'un nombre de plus en plus important de grosses entreprises dans le rouge, et un Baltic qui patauge sur les 1000 points, niveau très médiocre. Quand, après ça, Hollande déclare que "le retournement économique arrive", on comprend que tout le monde éclate de rire...

4 mai 2014 - Il y a de l'argent à ne savoir qu'en faire. L'argent abonde dans la trésorerie des entreprises qui n'ont pas investi. La montagne de cash accumulé, que les entreprises américaines ont placée à l'abri des appétits fiscaux, se monterait à 2.000 milliards de dollars. Les sommes mises sur la table pour les fusions-acquisitions sont particulièrement importantes dans le secteur pharmaceutique: 300 milliards de dollars. L'OPA à plus de 100 milliards de Pfizer sur AstraZeneca, si elle se concrétisait serait la plus grosse fusion jamais réalisée dans ce secteur. La fin de cycle se confirme. Faute de croissance conjoncturelle, les mastodontes sont à l'affut d'opportunités prédatrices pour continuer à croître et rentabiliser leurs activités (> restructurations, délocalisations, etc.).
L'argent abonde et les hedge-funds s'en donnent à cœur sur le marché de la dette. Les taux à 10 ans espagnols sont descendus sous les 3 % pour la première fois depuis 2005. L'Irlande emprunte à 2,75 %; le Portugal qui a été autorisé à sortir de son programme d'assistance financière peut se refinancer à 3,60 %; la Roumanie et la Slovénie à moins de 5 % et la Grèce à un peu plus de 6 % alors sa dette est pire que ce qu'elle était quand ses taux flambaient à plus de 30 % ! La bulle des emprunts gonfle alors que tout le monde s'attendait à ce qu'elle dégonfle avec la réduction du programme de rachat de la Fed: 45 milliards de dollars depuis le 1er mai.
L'argent abonde aussi sur les marchés alors que la croissance est partout à l'arrêt (UE, Chine, Russie, Brésil...). Pour le 1er trimestre 2014, le PIB des Etats-Unis a connu, avec + 0,1 % en rythme annualisé, sa plus faible croissance depuis le 4e trimestre 2012. Les analystes attribuent ce ralentissement brutal aux conditions météorologiques particulièrement rudes cet hiver. Que diront-ils cet été si les températures dépassent 40° ? En tout cas, il n'y a pas de quoi déprimer les marchés. Mercredi, le Dow Jones a battu un nouveau record à 16.580 points.
L'argent abonde et alimente la spéculation malgré les vents contraires. Le pétrole a trouvé le moyen de monter en début de semaine alors que les chiffres de croissance pour 1er trimestre étaient mauvais et les prévisions pas plus encourageantes. Il s'est même mis à monter alors qu'on annonçait une progression des exportations libyennes ! Les graphiques enregistrent de plus en plus de dents de scie inexpliquées. L'écart Brent/WTI à 9 $ indique l'orientation spéculative qui prévaut sur les marchés.

27 avril 2014 - L'attentisme domine les marchés avant les décisions concernant un QE avoué ou non que la BCE pourrait annoncer, dit-on, au mois de juin. Un attentisme que les hedge funds mettent à profit actuellement en provoquant des écarts, en sursouscrivant les adjudications des économies périphériques, en spéculant de plus belle. Ainsi les taux obligataires des pays de la zone euro continuent de baisser vers un plus bas qu'on n'avait pas vu depuis mai 2013; ainsi l'écart Brent/WTI est passé cette semaine de 5,5 à presque 9 %. L'élastique se tend. On nous dit que c'est à cause des tensions en Ukraine. Ben voyons ! Avant c'était l'Iran !... C'est le même argument qu'on nous ressort chaque fois qu'une activité spéculative inhabituelle est observée. En réalité les marchés sont arrivés à la fin d'un cycle de valorisation. Il y a du cash à foison puisque l'investissement a été délaissé. La multiplication des OPA (AstraZeneca/Pfizer, Alstom/GE ou Siemens, etc.) et des introductions en bourse dans le secteur des nouvelles technologies en est la preuve. Les marchés prennent de la hauteur avant d'aborder le virage qui se rapproche à l'horizon. Il faut reconnaître néanmoins qu'une récession en Russie ne serait pas sans répercussion en Europe et en Asie, tant les économies sont imbriquées.

20 avril 2014 - Aucune déclaration n'est venue cette semaine semer le trouble sur les marchés. Mardi, les mouvements massifs de rachat des hedge funds ont interrompu la spirale de la chute de fin mars - début avril. Le Nasdaq est repassé au-dessus des 4.000, les indices de Wall Street ont retrouvé leurs niveaux. Il faut désormais s'attendre à ce genre de turbulences en fin de mois, juste avant la réduction de 10 milliards des doses de morphine par la Fed.
La situation n'a pas trop bougé mais les fondamentaux restent très mauvais, notamment sur deux points. 1/ Après avoir été faussé pendant 6 mois par les opérations de restockage de la Chine, l'indice Baltic du fret maritime est retombé sous les 1.000 points, touchant son plus bas depuis juin 2013. Les courtiers de Baemar Seascope rapportaient que le marché des produits pétroliers est "mortellement calme", ce qui "n'est pas de bon augure pour la suite, avec un tonnage abondant à la fois pour les routes du Golfe vers l'est et vers l'ouest". Autant dire que les perspectives de croissance pour l'année qui ont été réévaluées ces derniers jours par les organismes internationaux ne tiendront pas le choc. 2/ Les taux d'emprunt baissent, les plaçant en contradiction avec les discours de reprise. La France emprunte à nouveau à moins de 2 % et l'écart entre les taux américains et espagnols s'est réduit à... une trentaine de points de base ! La persistance d'une telle anomalie ne pourra pas tenir longtemps. Les regards se tournent à présent vers la France qui s'est lancée dans une politique de réduction des dépenses publiques qui va faire mal.

13 avril 2014 - Le Nasdaq est passé vendredi sous les 4.000 points après avoir perdu 3 % en une semaine, plus de 7 % depuis son plus haut du 5 mars. Il a même vécu jeudi sa pire séance depuis novembre 2011. Les investisseurs s'interrogent sur le niveau aberrant de certaines valeurs technologiques qui ont jusque là profité de la surabondance de liquidités (+ 38 % pour le Nasdaq en 2013) alors qu'elles ne dégagent pas ou peu de bénéfice. Mais c'est surtout le carburant qui manque à présent pour, sinon propulser les indices, au moins les maintenir à leur hauteur. Or, depuis le début de l'année, la Fed a réduit ses injections de 85 à 55 milliards de dollars par mois. Dans ces conditions, il n'y a rien de plus normal que cette réduction du débit de la planche à billets s'accompagne d'une dégradation de l'état de santé du système. Certains titres technologiques survalorisés sont les premiers sur lesquels se reportent les inquiétudes à propos d'un probable resserrement des taux et du crédit. Ainsi Netflix et Twitter ont perdu 23 % en un mois, Facebook 15 %, Amazon 14 %, Yahoo 11 %. En revanche, d'autres valeurs qui ont un ancrage plus industriel comme Apple ou Microsoft ont tenu le choc. Mais les inquiétudes viennent surtout du secteur des biotechnologies (para-médical) dont les indices ont perdu pas loin de 20 % depuis le début du mois alors qu'on dénombre une quarantaine d'introductions en bourse à Paris ! Pour l'instant, on ne peut donc pas encore parler de "plongeon" mais seulement d'une correction assez significative. Cela suffit aux investisseurs pour reconsidérer leurs prises de risque et prendre leur bénéfice.
La mauvaise semaine du Nasdaq a été toutefois tempérée par le compte rendu publié en milieu de semaine de la réunion du Comité de politique monétaire de la Fed du mois de mars qui laisse entendre que le relèvement des taux n'interviendrait pas forcément 6 mois après la fin du QE. Encore cela suppose-t-il que le QE s'arrête un jour, car d'après ce que l'on constate aujourd'hui, si les indices piquent du nez alors que la planche à billets crache encore 55 milliards de dollars par mois, qu'est ce que ce sera dans quelque temps ?

6 avril 2014 - Le 2e trimestre est parti pour être celui de la BCE. Jeudi, lors de sa conférence de presse, Mario Draghi était dans la position d'un joueur d'échecs pris dans un étau. L'inflation ralentit. Le temps presse. On le somme de jouer quelque chose, mais il n'y a pas de solution satisfaisante. Impossible d'agir sur les taux d'intérêt, ils sont presque à zéro. Le rachat de titres (QE) a échoué partout où l'expérience a été tentée. De toute façon, la croissance quasi-nulle en zone euro n'incitera pas les banques à prêter à l'économie réelle. Les politiques d'austérité budgétaire et de compétitivité exacerbée à l'intérieur même de la zone euro ne font qu'amplifier la tendance à la déflation. Enfin, un afflux de liquidités ne manquerait pas de faire grossir jusqu'à l'éclatement les bulles immobilières.
Les investisseurs attendent le QE. Ils savent que c'est ce que font toutes les banques centrales quand elles ne savent plus comment s'en sortir. Alors ils l'anticipent. L'euro est descendu à 1,37 $. Les fusions acquisitions se multiplient. Les marchés européens résonnent déjà du doux ronronnement de la planche à billet. Le CAC s'approche les 4500 points et les experts le voient dans pas longtemps toucher les 5000 ! Plus ça va mal et plus les salles de marché sont euphoriques. Dernière mauvaise nouvelle: les 50 à 60 milliards que la France doit trouver pour réduire son déficit public à 3 %... et tomber en récession. Valls va s'y coller. Le printemps s'annonce chaud, pas seulement pour le climat.